LES GARDIENNES DES SENS - L'Infirmière Magazine n° 373 du 01/07/2016 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 373 du 01/07/2016

 

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LAETITIA DI STEFANO  

Que disent les bébés de leur souffrance, leurs sources de stress, et comment y répondre ? Transfert néonatal ou prise en charge psychique, des questions abordées à l’occasion des 41es Journées nationales d’études des infirmières puéricultrices(1), en juin à Poitiers.

Un transfert néonatal est vecteur de stress, pour l’enfant et ses parents », assure Isabelle Roussel, puéricultrice de transport au CHU de Bordeaux. Dans la région Aquitaine, elles sont trois à assurer tous les transferts infirmiers inter hospitaliers (TIIH) pédiatriques. Un job à plein temps. Les sollicitations des sens, exacerbés chez le bébé, doivent être réduites au minimum. Pas évident dans une ambulance : « Il y a déjà le bruit du moteur, mais nous utilisons un matelas coquille qui calfeutre l’enfant, installé dans un incubateur, si besoin. Côtés odeurs, soignants et ambulanciers évitent parfums, cigarettes… Pour rassurer le bébé, un doudou ou un foulard de sa maman l’accompagne et nous utilisons ses draps plutôt que des linges propres. »

Des conseils évidents, mais essentiels pour Isabelle Roussel et sa collègue Cathy Woitrain, soucieuses de transporter leurs petits patients dans les meilleures conditions. Elles ont d’ailleurs créé un protège incubateur, cousu main, ceux proposés sur le marché, trop couvrants, ne leur convenant pas. « Nous travaillons beaucoup en mode clinique et avons besoin de voir l’enfant à tout moment. Sur la route, on ne peut pas toujours se fier au scope, à causedes soubresauts du véhicule, entre autres », précise Cathy Woitrain. Autre partie importante du travail de ces infirmières de la route : rassurer les parents, qui voient parfois partir leur enfant quelques heures après sa naissance.

Du physique au psychique

Prendre en charge un nourrisson inclut le soin aux parents. « Un bébé tout seul, ça n’existe pas », assure Asmaa Cochereau, infirmière puéricultrice dans une unité de soins mère-enfant. Son cœur de métier : l’observation de la famille et des relations, surtout mère-enfant. « Les pleurs incoercibles, les troubles du sommeil ou de la sphère orodigestive sont autant de signes de mal-être à considérer », souligne la puéricultrice. Très tôt, le bébé peut s’exprimer, dans un langage non verbal à prendre en compte en contexte : hoquet, changement brusque de couleur de peau (rouge, cyanosée), marbrures. Un bébé qui se met à régurgiter dès qu’on parle de l’accouchement ou des forceps peut signifier un trauma lié aux circonstances de sa naissance.

« La prise en charge va se centrer sur le bébé et ses parents, tant sur le plan des compétences que des vulnérabilités, afin de les accompagner dans un contexte particulier de fragilité », explique la puéricultrice. Outre l’accompagnement des soins de maternage, l’infirmière puéricultrice en unité mère-enfant propose des temps de médiation thérapeutique : « Des enveloppes sonores et sensorielles berceuses, soin en piscine, toucher-massage, emmaillotement », précise Asmaa Cochereau. Ce dernier procédé offre un moment apaisant, de recentrage au bébé.

Asmaa Cochereau insiste enfin sur l’importance du travail en équipe, avec les soignants, mais aussi la sphère sociale. Une galaxie de professionnels de la périnatalité pour répondre aux besoins des parents et des enfants.

1- Organisées par l’Association nationale des puéricultrices diplômées et des étudiants (ANPDE) : anpde.asso.fr.

MAISONS D’ASSISTANTES MATERNELLES

Nécessaire clarification

Avec 1 203 maisons d’assistantes maternelles (MAM) en France en 2014, ce nouveau mode d’accueil de la petite enfance se développe depuis sa création en 2010. Une MAM est un lieu où travaillent 2 à 4 assistantes maternelles, hors de leur domicile. Les puéricultrices de PMI y sont directement impliquées dans la mesure où elles participent à l’étude des dossiers d’agréments. « Nous voyons la spécificité de chaque enfant, et donc le soin dont il a besoin, et la cohérence du projet dans sa globalité, à partir de nos connaissances. Le médecin voit plutôt la compétence individuelle de l’assistante maternelle », explique Véronique Labidoire, infirmière en PMI. La puéricultrice accompagne également les assistantes maternelles qui passent d’un travail isolé à une collaboration, à laquelle elles ne sont pas habituées, ni formées. « On les guide, car elles ont parfois du mal à se positionner, à écrire leur projet, souligne Véronique Labidoire. On est encore dans l’expérimentation, une clarification de la position de chacun des acteurs est nécessaire, pour que chacun revienne à son cœur de métier. »

L. D. S.