“Je suis infirmière de nuit, et j’ai du mal à manger équilibré. Quels sont les réflexes à avoir ?” - L'Infirmière Magazine n° 372 du 01/06/2016 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 372 du 01/06/2016

 

Alimentation

SUR LE TERRAIN

MON QUOTIDIEN

Adeline Erger  

Six soignants sur dix estiment avoir une alimentation perturbée en travaillant de nuit, pointe une enquête de 2010 sur le mode alimentaire du personnel de nuit à l’hôpital (1). Le travail de nuit engendre en effet une perturbation du rythme biologique et bouleverse très souvent les comportements alimentaires : grignotage, alimentation déséquilibrée, augmentation des apports énergétiques, consommation excessive de café… Ajoutées aux dérèglements liés au fait de s’alimenter la nuit (ralentissement de la vidange gastrique, augmentation post-prandiale des triglycérides…), ces habitudes sont à l’origine de troubles digestifs et d’une prise de poids, qui favorisent l’apparition de pathologies cardiovasculaires.

La nuit, mon corps réagit

Le travail de nuit ne respecte pas le cycle classique du sommeil et de l’alimentation. L’organisme, généralement en veille à ces heures-là, est toujours en activité et bien qu’il tente de s’adapter à ce rythme, il n’y parvient pas complètement. Un déséquilibre se crée : sommeil perturbé, troubles digestifs, stress, prise de poids, diminution de la vigilance. Quand on est privé de sommeil, le corps secrète moins de leptine (une hormone qui diminue l’appétit) et plus de ghréline (qui stimule l’appétit). De plus, en mangeant souvent plus gras et plus sucré, lié au grignotage plus fréquent lors du travail de nuit, on augmente les risques de troubles cardiovasculaires.

1- « Enquête sur le mode alimentaire du personnel de nuit au sein d’un hôpital », réalisée par l’hôpital Charles Richet (AP-HP), C. Berthier, J. Lenczicki, F. Gras, H. Kherbouche, C. Dagon, A. Erger, C. Szekely.

Des repas à la bonne heure

8 h : « petit-déjeuner » à la maison

Il est important de manger avant de se coucher pour garder un certain équilibre alimentaire et optimiser la qualité du sommeil

→ Pain ou céréales + un produit laitier + un fruit cru + une boisson chaude (facultative)

14 h - 15 h : réveil et déjeuner

Vous pouvez prendre un repas classique :

→ Viande ou poisson ou œuf + légumes + féculents + produit laitier + fruit + eau

→ Ou opter pour un brunch. Par exemple : jambon ou œufs brouillés, laitage, fruit, pain, beurre, confiture, boisson chaude…

19 h 30 - 20 h : dîner

Ne commencez jamais votre nuit sans manger. On recommande souvent de faire 4 repas au lieu des 3, en fractionnant le dîner en deux :

→ Viande ou poisson ou œuf + légumes ou féculents + un fruit + un café si vous le souhaitez (pas trop de gras et de sucre)

2 h : collation

Elle permet de maintenir la vigilance aux moments creux (importance des protéines) :

→ Produit laitier (si vous n’en avez pas pris au dîner), ou viande ou poisson ou œuf + fruit ou légumes (potage par exemple) + un morceau de pain + eau (pas de boisson sucrée ou de café)

LES BONS GESTES

→ Garder des horaires de repas fixes et veiller à un apport énergétique total équilibré : 15 % de protéines, 50 % de glucides, 35 % de lipides.

→ La nuit, boire régulièrement de l’eau pour maintenir la vigilance, et éviter les boissons stimulantes.

→ Ne pas se coucher le ventre vide en rentrant de sa nuit.

→ Éviter le café (ne pas en prendre 5 ou 6 heures avant le coucher) et le tabac qui ont un impact sur la récupération du sommeil.

→ Éviter le grignotage sucré qui éveille temporairement, mais provoque une hypoglycémie réactionnelle suivie de fatigue. Il favorise aussi la prise de poids.

→ Stop aux produits trop sucrés et trop gras, notamment des distributeurs automatiques.

→ Prendre une collation équilibrée vers 2 h du matin au moment où la vigilance est au plus bas.

→ Une activité physique dans l’après-midi peut tonifier !