ÉMILIE REGNIER GESTIONNAIRE DE CAS À LA MAIA PARIS NORD-OUEST - L'Infirmière Magazine n° 372 du 01/06/2016 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 372 du 01/06/2016

 

RENCONTRE AVEC

CARRIÈRE

PARCOURS

Maintenant que je connais le transversal et que j’ai goûté à la coordination, j’aurais du mal à retourner dans le soin. » C’est une infirmière pas mécontente d’avoir raccroché les gants qui le dit. Émilie Regnier, désormais gestionnaire de cas au sein de la Maia Paris Nord-Ouest, a pris ses fonctions il y a un an et demi. « C’était une découverte pour moi. Après 9 ans de gériatrie, je quittais la perspective d’un poste de manager qui ne me convenait pas vraiment. » Attirée par le concept d’intégration que proposent les Maia, un accompagnement qui vise à organiser tous les acteurs du parcours médico-social de manière à ce que la personne âgée trouve, où qu’elle s’adresse, la réponse la plus rapide et la plus adaptée à sa demande, l’infirmière ouvre de grands yeux sur le fossé qui sépare le social du sanitaire. « De l’intérieur de l’hôpital, on ne s’en rend pas compte, mais une personne âgée doit frapper en moyenne à trois portes avant d’obtenir une réponse à sa demande sur le plan médico-social. Je réalise chaque jour combien il est difficile de faire travailler ces deux univers ensemble. » La Maia dans laquelle travaille Émilie étant portée par l’hôpital Bretonneau (AP-HP), la gestionnaire de cas bénéficie d’une véritable reconnaissance côté sanitaire. « D’autant que j’y ai travaillé au préalable, alors cela facilite les relations. »

→ À domicile. Grâce aux connaissances transmises en DIU, aux échanges avec la pilote et ses deux collègues gestionnaires de cas (l’une assistante sociale et l’autre psychologue de formation initiale), mais aussi à ses nombreuses recherches personnelles, la jeune femme s’est progressivement mise à niveau, a appris à connaître les nombreux partenaires non hospitaliers à même d’intervenir sur une situation. Elle prend en charge actuellement 30 situations. « Le cahier des charges des Maia a fixé une limite à 40 par gestionnaire de cas, mais je suis déjà bien occupée avec 30 suivis », note-t-elle.

Autre découverte avec ce poste : la spécificité de la visite à domicile. « J’étais avertie que cela serait très différent de la relation que l’on peut créer dans un établissement hospitalier. Là, on n’est plus en blouse, on va vers la personne ; notre rôle n’est pas aussi clair que dans un service de soin et il faut trouver sa place. » Le temps de la relation est aussi différent : « Cela peut prendre parfois 6 mois pour se faire accepter ou pour que simplement la personne ouvre sa porte - avec parfois derrière des situations très sordides, des refus de soin malgré un état de santé que l’on voit se dégrader inexorablement. »

→ Réflexion. Heureusement, à l’opposé de la solitude du terrain au quotidien, la gestionnaire de cas découvre aussi un environnement de travail volontariste et particulièrement dynamique. Il y a certes les réunions d’équipes hebdomadaires au sein de la Maia, la participation aux tables tactiques du territoire, mais surtout des groupes de travail entre gestionnaires et les forums de discussion en ligne. « Il s’agit d’harmoniser nos pratiques, de faire des propositions d’amélioration de nos méthodes de travail conjointes à l’ARS. » On y parle système d’information - les équipes manquent cruellement d’un système adapté et partagé -, avantages et inconvénients d’une organisation en plate-forme, synthèse de situation, élaboration d’un annuaire des partenaires… « Et cette réflexion vient vraiment de notre initiative, de notre envie de progresser, ce n’est pas quelque-chose qui a été imposé par un cahier des charges. Du coup, cela stimule, créé de l’émulation et donne envie de faire mieux, malgré les difficultés qu’on rencontre sur le terrain. »

Et s’il lui faut un jour quitter ce poste, Émilie Regnier ne se fait pas de souci. « La coordination est un mode de travail en plein développement. Je suis en train d’acquérir une expertise que je pourrais probablement faire valoir dans un Ssiad, un SAD, une HAD, un Ehpad. Ce qui est peut-être plus facile pour une IDE de formation que pour un psychologue ou un travailleur social… »

MOMENTS CLÉS

2005 : DE.

2005-2013 : IDE en psychogériatrie à l’hôpital Bretonneau.

2013 : Faisant fonction de cadre à l’hôpital Bichat (SSR gériatrique).

2014 : Recrutée comme gestionnaire de cas à la Maia Paris Nord-Ouest.

2015 : DIU coordonnateur de soins en gérontologie à l’université Paris Descartes.