UN BACHELOR SI CONVOITÉ - L'Infirmière Magazine n° 370 du 01/04/2016 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 370 du 01/04/2016

 

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ÉLODIE AUFFRAY  

Alors que les besoins de personnels infirmiers hautement qualifiés sont croissants, les universités défendent leur pré-carré.

Une population vieillissante, de plus en plus de maladies chroniques, une couverture élargie depuis la réforme dite Obamacare en 2010… Le système de santé américain fait face à des besoins accrus, dans un contexte de pénurie médicale. Dans ce cadre, l’infirmière a « un rôle vital à jouer », estimait l’Institut de médecine (IOM), dans un rapport de 2010. Intitulé « Le futur des soins infirmiers », il préconisait de faire passer, d’ici 2020, de 50 à 80 % la proportion de soignantes titulaires d’un bachelor, licence délivrée en quatre ans par les universités. Les infirmières seraient ainsi aptes à prendre en charge davantage de missions, notamment de management et de médecine communautaire.

Mais aux États-Unis, la majorité des IDE entrent dans la profession avec un associate degree, un diplôme accordé en deux ans par les community colleges, plus accessibles que les onéreuses universités. Ces collèges plaident actuellement pour obtenir le droit de délivrer la licence infirmière, mais se heurtent à l’opposition des facultés. Seuls sept États ont sauté le pas, selon un bilan d’étape de l’IOM paru fin 2015. Seize autres États, dont la Californie, ont autorisé les collèges à dispenser des licences, mais en ont exclu le champ infirmier

Manque de formateurs

Les universités, qui retoquent chaque année des milliers de candidats faute de capacités, arguent principalement du fait qu’il y a déjà un manque cruel de formateurs et que la concurrence des collèges ne ferait qu’augmenter les droits d’inscription. « Les cursus de licence génèrent des revenus significatifs à moindre coût pour les universités, c’est un privilège qu’elles veulent conserver », accuse pour sa part, dans le Wall Street Journal, le président d’un collège du Michigan.

Suite au rapport de l’IOM, trois associations infirmières ont lancé une campagne visant à atteindre ses recommandations. Ainsi pour Beverly Malone, directrice générale de la Ligue nationale pour les soins infirmiers, étendre la mission des collèges fait partie des options, mais ce n’est pas la seule : « L’une des stratégies qui a réussi a consisté à mettre en place un programme commun pour tous les étudiants infirmiers d’un même État, de façon à ce que ceux qui sont inscrits dans un collège puissent automatiquement postuler à une licence. »