LA TERRE PROMISE DES IDE - L'Infirmière Magazine n° 369 du 01/03/2016 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 369 du 01/03/2016

 

ISRAËL

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Élodie Auffray  

De plus en plus nombreuses à émigrer, les infirmières françaises de confession juive s’organisent pour faciliter la reconnaissance de leurs diplômes par Israël.

Avec 7 900 arrivées en 2015, les juifs de France représentent le premier contingent de migrants en Israël. Mais les nouveaux arrivants restent confrontés à des obstacles sur le chemin de l’emploi : certaines professions sont très difficiles d’accès, notamment dans la santé. De plus en plus nombreuses à faire leur alya – l’émigration vers Israël –, les infirmières s’organisent donc pour faciliter leur intégration dans le système local. À l’image de la Coordination infirmière des olim(1) de France.

Ce collectif, qui milite pour la suppression de l’examen d’entrée dans le métier, fait feu de tout bois : interventions dans les médias israéliens, témoignages sur Facebook, rencontre à la Knesset (le Parlement)… En effet, en Israël, la profession infirmière fait partie de celles qui nécessitent un permis d’exercice. Une procédure longue et coûteuse : en plus d’un bon niveau d’hébreu, il faut d’abord valider ses diplômes français auprès du ministère de la Santé pour obtenir le droit de se présenter à l’examen israélien, réputé difficile. « Il y a énormément d’échecs. J’ai des amis qui ont 20 ans d’expérience, qui l’ont passé trois-quatre fois sans réussir », témoignait Florence, membre de la coordination, sur la radio publique israélienne. Selon elle, jusqu’à 200 IDE françaises seraient concernées. « On pourrait aussi bien évoquer Céline, infirmière de bloc, qui travaille après deux ans d’alya en call center, ou Esther, infirmière diplômée d’État du nouveau référentiel, employée dans une maison de retraite en qualité d’aide-soignante, alors que parfaitement bilingue », relate Elsa Barthel, autre représentante du collectif, dans une tribune parue dans The Times of Israel.

Pénurie d’infirmières

La coordination demande donc que l’examen soit remplacé par une simple démarche d’équivalence. D’autant que le pays souffre d’une pénurie notoire d’infirmières. En 2014, le gouvernement israélien a pourtant avalisé, sur le principe, la facilitation de la reconnaissance des diplômes français. Mais sa concrétisation, métier par métier, tarde à aboutir. En janvier, les dentistes, eux aussi soumis à un examen, ont obtenu un premier vote de la Knesset en faveur de son abrogation. « Ce n’est que le début, promettait alors la députée Nurit Koren, présidente du lobby francophone à la Knesset. Nous allons nous occuper des diplômes des médecins, puis de ceux des pharmaciens, des pédiatres, des infirmières. » Très actif sur cette question, le député franco-israélien Meyer Habib, élu de la huitième circonscription des Français de l’étranger, qui comprend Israël, temporise : « Je me suis longuement entretenu avec Yaakov Litzmann, le ministre de la Santé, fin décembre 2015. Il m’a demandé d’être patient. Il m’a dit qu’on ne pouvait pas tout faire en même temps. Il faut, en effet, une législation spécifique pour chaque profession. » En attendant, la coordination des infirmières entend bien coontinuer à faire pression.

1- Terme qui désigne ceux qui ont fait leur alya.