FRANÇOISE CRÉNÉGUY INFIRMIÈRE AU CENTRE MUNICIPAL DE SANTÉ DE CHAMPIGNY-SUR-MARNE (VAL-DE-MARNE) - L'Infirmière Magazine n° 367 du 01/01/2016 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 367 du 01/01/2016

 

RENCONTRE AVEC

CARRIÈRE

PARCOURS

F. V.  

À l’origine, je voulais devenir puéricultrice. Après le bac, j’ai donc passé le concours pour intégrer un Ifsi », relate Françoise Crénéguy. Fidèle à son projet, l’étudiante effectue l’un de ses premiers stages en pédiatrie. Déconvenue. « Les puéricultrices étaient impossibles. C’est tout juste si on avait le droit d’approcher les enfants qu’elles considéraient comme “leurs” bébés. Là, je me suis dit : “Je vais peut-être finir comme elles”… » Une perspective qui stoppe net sa vocation : « Après tout, estime-t-elle, le métier d’infirmière offre pas mal de possibilités, alors pourquoi se limiter !? »

→ Infirmière globe-trotteuse. Diplôme obtenu, la jeune infirmière postule pour le pool de nuit à l’hôpital Cochin qui vient juste d’être créé. « Ce fut très formateur, explique-t-elle, car j’ai tourné dans beaucoup de services pendant deux ans. Puis, j’ai eu l’opportunité de faire un long remplacement en médecine interne. » Mais au bout de quelques mois, quand le chef de service lui propose de rester, elle prend ses jambes à son cou et une disponibilité d’un an. Destination : le Monde. Première étape, l’Australie. Peu emballée par la contrée, elle file en Nouvelle-Calédonie. Durant quelque mois, elle travaille de nuit à l’hôpital de Nouméa et le matin dans un laboratoire. De retour en France, elle postule au Club Med qui cherche une « infirmière GO »(1), un poste où la polyvalence et le sens du travail en équipe sont de mise… S’en suivront six années durant lesquelles Françoise Crénéguy multipliera les expériences : libérale à La Réunion, infirmière scolaire, puis en entreprise, en crèche… Ensuite, elle choisi de se « sédentariser ».

→ Travail d’équipe. Retour à Cochin pour six années en cardiologie, puis huit de nuit aux urgences. Au fil du temps pourtant, insidieusement, entre tensions avec les usagers, pressions dans les services et de moins en moins de temps à consacrer aux patients, les conditions de travail se délitent et l’ambiance avec elles. Pour Françoise Crénéguy, le moment de quitter l’univers hospitalier semble venu. « C’est une amie, infirmière dans un CMS, qui m’a parlé de son travail. Je ne connaissais pas du tout ces structures et j’ai été séduite par la diversité de la pratique, également par les conditions de travail. Quand j’ai quitté Cochin, j’avais plus de trois mois de récupérations et de congés à prendre… » Fortuitement, la ville de Champigny recrute une infirmière. Elle postule et décroche le poste. « Ça c’est fait comme ça. Simplement, rapidement », se souvient-elle. Au CMS, elle retrouve ce qu’elle aime tant dans le métier : le travail d’équipe et du temps pour prendre en charge les patients. « On se complète beaucoup avec les collègues car nous avons tous des expériences très différentes. Et il faut aussi s’avoir s’adapter car les imprévus bousculent fréquemment le planning qu’on avait mis en place. »

→ Pratique renouvelée. Pour l’infirmière, « l’ouverture d’esprit » est une disposition importante pour travailler en CMS. « Il est indispensable d’appréhender la diversité culturelle des patients que l’on prend en charge. Et d’apprendre la patience également… Ici, par exemple, nous avons une file active de toxicomanes assez importante et le respect des horaires n’est pas toujours leur fort… », note-t-elle. Et si, au départ, Françoise Crénéguy craignait l’ennui, cela n’est jamais arrivé. « On peut facilement monter ou participer à des projets de santé publique en direction des scolaires ou des patients chroniques. Et, au fil des ans, les missions de notre centre se sont élargies. Aujourd’hui, par exemple, nous sommes centre de vaccination, centre de dépistage anonyme et gratuit du VIH et des infections sexuellement transmissibles. Nous animons aussi des consultations dédiées à la contraception… Bref, cela a créé une dynamique au sein de l’équipe et permet de renouveler constamment sa pratique. » Alors, quand on interroge l’infirmière sur son passage de l’hôpital à un centre municipal, la réponse fuse : « Aucun regret ! ».

1 - GO : gentil organisateur-trice, les animateurs des villages au Club Med.

MOMENTS CLÉS

1986 Obtient son diplôme d’État et son premier poste à l’hôpital Cochin (Paris).

1988-1993 Conjugue voyage et travail durant 5 ans : libérale à la Réunion, en Corse, infirmière scolaire, puis en entreprise, en crèche, dans un centre de vaccination, dans une clinique ou encore dans un service d’urgences en Bretagne.

1993 Retour à Cochin.

2007 Rejoint le CMS de Champigny-sur-Marne.