EN FINIR AVEC LES COMPRIMÉS À L’APÉRO

Matin, midi et soir. En Ehpad, l’administration des médicaments au cours des repas semble immuable. Or, prendre plusieurs comprimés accompagnés de verres d’eau diminue l’appétit des résidents en créant une sensation de ventre plein ; certains médicaments provoquent une sécheresse buccale gênant la déglutition, d’autres modifient le goût des aliments. « À chaque repas, on rappelle aux personnes âgées qu’elles sont malades. Il y a un impact psychologique à long terme », a souligné Virginie Mocorrea, de l’Association française des diététiciens et nutritionnistes, lors des Assises des Idec. La spécialiste, qui intervient en Ehpad, plaide pour une prise de médicaments en chambre, en léger décalage par rapport aux repas. « Il n’y a souvent qu’une infirmière pour 60 résidents », objecte Joëlle Sicard, infirmière référente au sein du groupe Emera. « On respecte les habitudes de vie des résidents, remarque une Idec dans la salle. Ils ont toujours pris les médicaments au cours des repas. »

Revoir les prescriptions

Une autre soignante a rappelé que la balle était dans le camp des médecins traitants, qui prescrivent une prise au cours du repas. « Chaque fois que c’est possible, je décale les médicaments du midi au matin », témoigne l’un des médecins coordonnateurs présents. La prévention de la dénutrition semble donc liée à la lutte contre la polymédication des personnes âgées. « On a mené une expérience dans un établissement : les médicaments qui n’apparaissaient pas indispensables ont été arrêtés pendant quinze jours ; ensuite, on refaisait le point, relate Virginie Mocorrea. Ça nous a pris quatre ans pour mettre ce système en place. » Mais suite à un rachat de l’établissement, l’expérience a été abandonnée.