CES MÉDICAMENTS QUI NE RENTRENT PAS DANS LE PILULIER - L'Infirmière Magazine n° 367 du 01/01/2016 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 367 du 01/01/2016

 

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Aveline Marques  

La tentation est grande de mutualiser les médicaments qui ne peuvent être inclus dans la préparation des doses à administrer (PDA). Une pratique à risques d’erreur décortiquée lors des secondes Assises des infirmières coordinatrices (Idec), fin novembre à Paris.

Développée à la fin des années 1970, la PDA représente jusqu’à 90 % des médicaments dispensés en Ehpad. Si elle sécurise la prise médicamenteuse et libère du temps infirmier quand elle est réalisée en officine, elle a des limites : « Où met-on les spécialités (sachets, gouttes…) qui ne rentrent pas dans la PDA ? » interroge le Dr Jean-Marie Vetel, directeur médical des maisons de retraite GDP Vendôme et ex-chef de service de gériatrie du CH du Mans. Chaque Ehpad gère comme il l’entend le stockage et la traçabilité des médicaments hors PDA, qui se retrouvent souvent « en vrac sur le dessus du chariot, constate-t-il. Et tout le monde peut prendre un petit apéro au Risperdal ! » Or, « tous les médicaments hors PDA ne sont pas mutualisables », insiste Jean-Marie Vetel, qui rappelle qu’ils correspondent à une ordonnance personnelle, sont payés par le résident et dispensés pour une durée déterminée. Les antibiotiques, les anticoagulants, les neuroleptiques, les gouttes pour le glaucome, etc., devront donc être rangés dans un casier individuel ; leur administration doit être soigneusement tracée.

Éradiquer les « si besoin »

En attendant qu’une Omedit(1) régionale se saisisse de la question, le médecin conseille à chaque équipe de dresser sa propre liste de ce qui peut être mutualisé. Il doit s’agir de médicaments fréquemment prescrits à un grand nombre de résidents, encombrants et peu coûteux : par exemple, le Movicol, le Maalox ou le Mitosyl. « Pour le paracétamol, on met en commun seulement si les prescriptions “si besoin” sont nombreuses », précise le gériatre. « Il faut limiter les “si besoin”, car ils mettent en difficulté les infirmières, amenées à établir un diagnostic », lance Véronique Bertram, pharmacienne en Ehpad. Jean-Marie Vetel conseille aux soignantes de « renvoyer les médecins traitants à leurs responsabilités » en leur demandant de privilégier la formule « quantité suffisante pour X jours ».

1- Observatoire du médicament, des dispositifs médicaux et de l’innovation thérapeutique.

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