L’AP-HP JOUE À QUI PERD GAGNE - L'Infirmière Magazine n° 366 du 01/12/2015 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 366 du 01/12/2015

 

POLITIQUE SOCIALE

DOSSIER

CAROLINE COQ-CHODORGE  

Temps de travail, crèches : le plus grand CHU de France, l’AP-HP veut revenir sur certains avantages sociaux. Face à des agents convaincus qu’ils ont tout à perdre, le directeur général Martin Hirsch promet des contreparties.

→ Œuvres sociales. En apparence, l’AP-HP est moins généreuse que le reste de l’hôpital public. L’institution parisienne subventionne l’Association pour la gestion des œuvres sociales des personnels des administrations parisiennes (Agospap) à hauteur de 0,5 % de sa masse salariale, quand tous les autres hôpitaux publics versent 1,5 % au Comité de gestion des œuvres sociales des personnels hospitaliers (CGOS). Les agents de l’AP-HP sont-ils moins bien protégés ? « En 2015, l’AP-HP a versé 17,7 millions d’euros à l’Agospap, rappelle Gérard Cotellon, directeur des ressources humaines de l’AP-HP. Et nous gérons en plus directement notre politique logement, qui est sans équivalent. » Mais l’AP-HP fait moins en cas de maladie : le salaire est maintenu, hors primes, pendant 3 mois seulement pour un congé maladie ordinaire, contre 9 mois dans les autres hôpitaux publics, où le CGOS prend le relais pendant 6 mois.

« À l’AP-HP, ce sont les mutuelles qui assurent la prévoyance, explique Didier Choplet, de la CFDT. Pour ceux qui peuvent s’en payer une… »

→ Crèches.

L’alignement des tarifs des crèches de l’AP-HP sur ceux de la caisse d’allocations familiales, annoncé en début d’année et effectif depuis le 1er avril, a causé un premier conflit social en début d’année. « Je travaille en 12 heures, et j’ai vu les tarifs à la journée passer de 9,67 euros à 19,25 euros », témoigne Amandine, infirmière. Le DRH de l’AP-HP défend, lui, un « choix budgétaire, celui d’investir dans les soins. Nous avons besoin de l’aide de la CAF pour diminuer nos charges de fonctionnement et entretenir nos crèches ».

→ Logement. L’AP-HP vient d’annoncer qu’elle allait accroître son parc de 1 000 logements supplémentaires d’ici 2019. « Nous disposons de 10 000 logements qui permettent de loger 8 % des 95 000 agents de l’AP-HP, explique Gérard Cotellon. Mais cela ne suffit pas à répondre à la demande. Vont donc être mis à la disposition de la ville de Paris et de la Caisse des dépôts des terrains où construire des logements sociaux, dont une partie sera réservée aux personnels de l’AP-HP. »

L’institution cherche aussi à faire passer un amendement au projet de loi santé qui doit permettre de déloger des « personnes ne travaillant pas ou plus à l’AP-HP », soit en tout 30 % de ses locataires selon la Cour des comptes. « Beaucoup de logements sont occupés par des retraités de l’AP-HP, confirme Didier Choplet. Mais faut-il pour autant les jeter dehors ? Pourquoi ne pas les y maintenir et échanger des logements avec ceux du parc social de la mairie ? Et il y a aussi des situations insupportables : des directeurs, des cadres qui ont des logements de fonction, et même des gens qui n’ont vraiment rien à y faire. »

→ Emploi précaire. L’AP-HP a signé en avril 2015 avec la CFDT un accord où elle s’engage à titulariser 1 000 contractuels d’ici mars 2016, sur les 7 500 que compte l’institution. Un nouvel accord de « déprécarisation » est également évoqué par le directeur général de l’AP-HP, Martin Hirsch, comme contrepartie à un accord sur la renégociation du temps de travail. Didier Choplet a un doute : « Est-ce que le ministère de l’Économie est d’accord ? Aujourd’hui, la pression budgétaire est telle que ce n’est plus Martin Hirsch qui prend des décisions. »