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L'infirmière Magazine n° 363 du 01/09/2015

 

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Par @jaddo_fr, médecin généraliste et blogueuse, le 21 août

« Je viens de passer la soirée avec ma copine de fac (…) On a causé. Au bloc, en 3e année de médecine, sur une bartholinite. Son chef lui demande : “Tu sais à quoi servent les glandes de bartholin ?” Elle hésite. Elle sent bien que si elle dit “à lubrifier”, ça va faire rire. Le silence est coupé par son chef. (Son mentor. Sa référence. 3e année) “Ça sert à mouiller ton con, chiennasse.” Elle me raconte qu’elle a ricané, qu’elle a dit “Ahah merci, j’aurais pas retenu sinon.” C’était la seule chose à dire. Fallait valider. Dans le bloc, hein. Devant tout le monde. L’anesthésiste, les deux internes, les trois infirmier/ères, les externes.

Moi, je lui ai raconté qu’une fois, j’ai croisé mon chef et mon interne dans l’ascenseur après une nuit particulièrement difficile de garde. Une morte, une annonce de bientôt mort, une autre morte à recoudre, un mec qui avait frappé l’infirmier : des trucs durs. Je récupérais. Le mec, pour cette fois, ne m’avait pas dit que j’avais une bouche à pipe. Ni qu’on ferait La Moore demain ahhaha. Ni que “j’avais l’air sauvage après une nuit de garde et que je devais être très belle après l’amour”. Dans mon esprit habitué, je vous jure #LaVieDeMaMère que je m’étais paniquée. Pas de blague de cul, j’avais sans doute fait une connerie. Vraiment, alors que je faisais partie des dures à cuir, je m’étais dit “Merde, j’ai pas bien travaillé. J’ai tué un patient ? Seigneur !” On en était rendues là. “Héhé t’as trop une bouche à pipe” = “T’as vraiment fait du bon boulot cette nuit”. Sans avoir ça, je paniquais.

On a recausé beaucoup. On s’est rendu compte d’à quel point l’hôpital tel qu’on l’avait connu ne passerait pas 15 minutes aux prudhommes. »