DES PAROLES ET DES GESTES - L'Infirmière Magazine n° 363 du 01/09/2015 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 363 du 01/09/2015

 

AIDES-SOIGNANTES

ACTUALITÉS

COLLOQUES

MARIE-CAPUCINE DISS  

Les 22e Assises de la Fédération nationale des associations d’aides-soignant(e)s se sont tenues les 18 et 19 juin à Avignon. 160 professionnels se sont mobilisés sur le thème « De la communication à la relation, quelle place a le soignant pour prendre soin ? ».

Au plus près du patient, les aides-soignantes attachent une grande importance à la communication et à la relation de soin. En témoignent les échanges nourris entre les intervenants et la salle lors des 22e Assises de la Fédération nationale des associations d’aides-soignant(e)s (Fnaas), organisées en juin à Avignon. Exercices à l’appui, Agnès Pasturel, formatrice en Toucher-massage à l’Institut Joël Savatofski, a sensibilisé les participants à l’approche non médicamenteuse du traitement de la douleur. Elle a montré comment mettre en confiance le patient afin de comprendre et d’évaluer sa douleur pour mieux la soulager.

Les yeux dans les yeux

Au-delà des bénéfices pour le soigné, la spécialiste a relevé l’intérêt du toucher-massage pour le soignant : « Avoir des outils d’aide, moins de stress et plus d’autonomie ; retrouver le plaisir du soin et de sa fonction. » Une approche qui nécessite de savoir « écouter, respecter, s’adapter, proposer et accompagner ».

Comprendre la singularité d’autrui prend aussi tout son sens dans la communication avec les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Bousculant les a priori, Yannick Brondel, psychologue et gérontologue, a donné des clés pour entrer en contact avec les malades : « Pourquoi ma réalité serait-elle plus juste que celle d’un autre ? Tout l’art est de faire le pont entre ces deux réalités. » En s’appuyant sur un schéma représentant l’égo et le non-conscient, elle a expliqué comment « communiquer d’inconscient à inconscient ». Les patients doivent sentir que l’on s’intéresse pleinement à leur personne pour interagir. « Ils ont besoin d’honnêteté, de transparence », poursuit-elle. Les repas, la toilette sont des moments privilégiés pour établir ce contact, car ils touchent à l’intimité ; le soignant est alors invité à regarder le patient droit dans les yeux.

Laïcité vs croyances

Le Dr Perrine Malzac, coordinatrice de l’Espace éthique méditerranéen, et praticien hospitalier à l’Hôpital de la Timone (AP-HM), a fait un exposé sur les relations inter-culturelles. « Comment prendre en compte les croyances religieuses dans la relation de soin ? », interroge-t-elle, sachant que l’hôpital a le devoir d’accueillir tout le monde sans distinction. L’institution doit s’efforcer de concilier les croyances des patients et le respect des règles de la vie en collectivité.

Mais les équipes peuvent se heurter à certaines difficultés : exigences alimentaires, refus d’un examen gynécologique effectué par un homme ou celui d’arrêter une prière pour recevoir un soin… Des situations qui peuvent être dénouées par le dialogue, estime le médecin, invitant les soignants à anticiper les problèmes en discutant avec les patients et leur famille avant que ne survienne une demande à laquelle ils ne pourront pas répondre. Toutefois, si « la reconnaissance de la singularité et de la vulnérabilité des personnes malades » est nécessaire, les soignants doivent se poser la question : « Jusqu’où aller ? »

JURIDIQUE

En attendant la réingénierie

Entre la loi et la pratique, les aides-soignantes déplorent un flou grandissant. « La profession doit évoluer car les besoins changent », a reconnu Pilar Verdoncq, conseillère technique pour l’exercice des professions paramédicales au ministère de la Santé. Interpellée par de nombreux soignants au sujet de leur formation, de la responsabilité professionnelle et du glissement de tâches, la conseillère a annoncé que le métier d’aide-soignante fera bientôt l’objet d’une réingénierie, comme en 2005, afin de redéfinir leurs compétences et leurs activités.

Elle a rappelé que même si ces dernières sont formées à réaliser des gestes techniques, elles ne doivent pas accepter de les pratiquer s’ils ne figurent pas dans les textes de loi, sous peine de mettre en cause leur responsabilité. Ainsi, si une aide-soignante formée peut réaliser une aspiration endo-trachéale à domicile, cela n’est autorisé à l’hôpital qu’en cas d’urgence, si l’infirmière n’est pas disponible.

Dans l’assistance, une aide-soignante a signalé avoir été formée au Meopa (mélange équimolaire oxygène-protoxyde d’azote), qui est un acte médicamenteux et ne relève donc pas de son champ de compétence.