UNE GRÈVE HISTORIQUE - L'Infirmière Magazine n° 362 du 01/07/2015 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 362 du 01/07/2015

 

TUNISIE

ACTUALITÉS

AILLEURS

ÉLODIE AUFFRAY  

Fin mai, les fonctionnaires de la santé ont observé un mouvement de grève pour réclamer une revalorisation de leur statut et une amélioration de leurs conditions de travail.

C’est le premier grand mouvement social dans le secteur, depuis la révolution de jasmin. Fin mai, infirmiers et agents de la santé publique ont observé trois jours de débrayage, suivis d’une semaine de grève administrative, lors de laquelle les patients ont été exemptés du reste à charge. Un mouvement initié par l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), principal syndicat du pays, avec 57 000 adhérents revendiqués dans le secteur.

Le personnel de la santé réclame l’élaboration d’un statut particulier au sein de la fonction publique, ce qui ouvrirait la voie à plusieurs améliorations : reconnaissance de la pénibilité, meilleure rémunération des gardes, passage à la catégorie supérieure de la fonction publique pour les titulaires d’une licence, etc. « On gagne 3 dinars [1,4 €, NDLR] pour une nuit de garde, ça ne paye même pas le transport ! », s’indigne une infirmière en pédiatrie. Au-delà de leur statut, les grévistes pointent, à l’image du syndicaliste Khemais Trabelsi, « la condition lamentable des hôpitaux ». « Le matériel manque, les délais pour les consultations ou les IRM sont très longs. Aux urgences, il y a des malades par terre », décrit une infirmière de La Rabta, l’un des principaux hôpitaux de Tunis.

Contre l’externalisation

Le malaise se cristallise aussi sur les « activités privées complémentaires » des médecins universitaires, censées être limitées à deux après-midis par semaine. Le système fait l’objet de nombreux abus. « On vit l’ère de la privatisation, encouragée par les autorités. Il est urgent de réanimer l’hôpital public », assène Othman Jallouli, secrétaire général de la fédération de la santé de l’UGTT, qui dénonce l’externalisation des services et la multiplication des cliniques.

Chargé du dossier au ministère, Jilani Sabbah juge la grève « précipitée » : « Nous sommes ouverts à la négociation, mais cela engage les grands équilibres financiers, ça ne se décide pas comme ça. L’État est pratiquement ruiné et les demandes fusent de partout. » Si le gouvernement a promis d’inscrire le texte sur le statut des paramédicaux parmi ses priorités, l’UGTT compte maintenir la pression.

Articles de la même rubrique d'un même numéro