MARTIN HIRSCH FAIT TABLE RASE - L'Infirmière Magazine n° 362 du 01/07/2015 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 362 du 01/07/2015

 

ASSISTANCE PUBLIQUE-HÔPITAUX DE PARIS

ACTUALITÉS

FOCUS

CAROLINE COQ-CHODORGE  

Six semaines de mobilisation et trois manifestations ont convaincu le directeur général de revoir sa méthode de négociation sur le temps de travail.

Après un mois et demi de contestation et trois jours de grève, l’issue du conflit qui oppose les personnels de l’AP-HP à leur directeur reste incertaine. Le différend s’est cristallisé sur la volonté de Martin Hirsch de réformer l’accord sur le temps de travail signé en 2002. Aux journées de 7?h?36, qui ouvrent droit à 18 jours de RTT, Martin Hirsch souhaite substituer une journée en 7 h 30, limitant ainsi à 15 le nombre de RTT. L’économie attendue par l’AP-HP est de 20 à 30 millions d’euros. En échange, la direction promet une amélioration des conditions de travail, des plannings plus stables ou encore, l’embauche de contractuels. Mais ces contreparties ne sont pas jugées crédibles : « C’est du bla-bla. Des postes seront supprimés, nos conditions de travail ne vont pas s’arranger. Nous ne sommes pas contre une réforme, au contraire, mais pas sur le dos du personnel. Car nous avons l’impression d’avoir déjà beaucoup donné », témoignait Céline, IDE à l’hôpital Lariboisière, lors de la manifestation du 11 juin.

Les trois manifestations organisées les 21 et 28 mai et le 11 juin ont réuni des foules toujours plus nombreuses, selon les syndicats : jusqu’à 15 000 personnes le 11 juin. Pour la direction, au contraire, le taux de grévistes faiblit : de 34 % le 21 mai, il est tombé à 21,5 % le 11 juin. Ce soir-là, l’ensemble des syndicats ont durci leur position et appelé à une « grève totale » le 18 juin (1), espérant ralentir l’activité des 38 hôpitaux, maintenue jusqu’ici.

Espaces d’expression

Mais une détente inattendue est venue, le 12 juin, de Martin Hirsch. « Ni le conflit, ni le statu quo ne sont bons pour les patients, pour le personnel et globalement pour l’AP-HP », a-t-il écrit aux syndicats, dans un courrier intitulé « relevé de conclusions ». Il prend ainsi acte de l’échec de la négociation sociale, qui en réalité « n’a pas pu s’engager », reconnaît-il. La réforme de l’organisation du temps de travail reste à l’ordre du jour, mais il opte pour une méthode différente. Il propose que s’ouvrent pendant quelques semaines « des espaces d’expression et de discussion, dans les pôles ou services volontaires, sur l’organisation et les conditions de travail ». Ensuite s’engagera une nouvelle négociation sociale.

« Martin Hirsch rouvre le dialogue, se félicite Gilles Damez, délégué syndical FO. Mais dans les hôpitaux, la direction continue à organiser des réunions avec les cadres pour mettre en place les nouvelles organisations. Et comment seront désignés les agents qui réfléchiront sur leurs temps de travail et leurs conditions de travail ? Nous restons sur le qui-vive. »

1- À l’heure où nous écrivions ces lignes, la poursuite de la mobilisation était incertaine. À suivre sur Espaceinfirmier.fr

Articles de la même rubrique d'un même numéro