LA VALEUR AJOUTÉE DE L’IBODE - L'Infirmière Magazine n° 362 du 01/07/2015 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 362 du 01/07/2015

 

CHIRURGIE

ACTUALITÉS

COLLOQUES

CLAIRE POURPRIX  

Près de 1 000 professionnelles se sont réunies lors des 32e Journées nationales d’étude et de perfectionnement organisées par l’Union des associations d’Ibode à Lyon, du 20 au 22 mai, où spécificités et savoir-faire exclusifs des infirmières de bloc ont été mis en avant.

Entre les innovations technologiques et l’évolution de la prise en charge ou encore du cadre réglementaire, la profession ne cesse de s’adapter pour anticiper les changements. Nathalie Clavier et Anne-Marie Galopin, Ibode au CH de Feurs (42) et Myriam Fioretta, qui exerce à la clinique du Val d’Ouest, à Lyon, ont ainsi fait part de leur expérience dans la création d’entretiens pré et postopératoires.

Trait d’union

« Ces entretiens ont été mis en place grâce à l’appui de ma cadre, en 2007, et sont devenus un vrai projet de service », témoigne Anne-Marie Galopin. D’une durée maximale de 20 minutes, l’entretien est effectué la veille de l’intervention et s’adresse aux patients les plus angoissés. Il leur apporte des informations complémentaires, instaure une relation de confiance, leur permet de démystifier le bloc, d’exprimer leurs craintes… Du côté des Ibode, cela leur offre un contact privilégié avec les patients et permet le décloisonnement de leur intervention en travaillant avec les services d’hospi- talisation. Et cette concertation, associée à une meilleure connaissance des patients, présente un intérêt dans la gestion des risques du bloc. Ce « trait d’union » entre le service d’hospitalisation et le bloc a aussi sa place en postopératoire. Myriam Fioretta dispose d’une salle de pansements dédiée, où elle reçoit 15 à 20 patients une demi-journée par semaine : « À J + 15, je reformule ce que le patient a compris de son intervention, je lui donne des explications supplémentaires et lui explique le compte-rendu opératoire. La reformulation infirmière permet une meilleure compréhension. » Les retours de ces entretiens sont très favorables.

Précieux robot

D’autre part, alors que certains avaient pu le craindre, l’évolution technologique ne déshumanise pas la relation des Ibode aux patients, comme l’ont montré Sandrine Bouchet, Régis Cluzel et Christiane Male, Ibode à la clinique du Tonkin, à Villeurbanne (69). Depuis l’acquisition d’un robot il y a quatre ans, 17 infirmiers sur 40 ont été formés. Plus de 600 interventions ont été effectuées, dont 478 en urologie. Une infirmière est référente pour la gestion du stock de pinces. L’Ibode circulante contrôle le robot, met en route la console, déplie les bras, lance l’autotest et le positionne en fonction de la spécialité et de l’intervention programmée. L’instrumentiste, lui, effectue le raccordement optique, la balance des blancs et le calibrage de l’optique pour une bonne vision 3D, l’amarrage du robot et en habille chaque bras… Au début, les Ibode craignaient que leur attention soit focalisée sur le robot au détriment du patient. Dans les faits, « cela développe notre rôle d’aide opératoire, car nous sommes seules avec le patient, le chirurgien effectuant son travail depuis la console », souligne Christiane Male.

L’efficacité des Ibode étant un point clé de l’organisation du bloc, elle a un impact sur le coût des interventions. Comme l’a rappelé Véronique Thyaux, Ibode cadre de santé, responsable d’achats du groupe Capio, les charges fixes sont de 10,86 €/minute pour un bloc dans le public et de 7,50 €/mn dans le privé. La qualité de l’installation, le gain de temps entre deux interventions, la gestion du matériel, l’expertise des Ibode sont autant de sources d’économies pour les établissements.

POLYVALENCE

Une Ibode, trois fonctions

Au CH d’Annonay (07), les quatre salles d’opération (cinq en 2017) sont polyvalentes, ce qui requiert « du personnel réunissant plusieurs spécialités et diverses compétences », a exposé l’Ibode Stéphanie Duranton. Ibode et IDE travaillent ainsi en binôme. « Les Ibode exercent les fonctions de circulante, instrumentiste etaide-opératoire. Elles doivent avoir la capacité d’élaborer des processus de soins personnalisés, adaptés aux différentes techniques chirurgicales, dans le respect des règles d’hygiène, et de travailler en équipe », a souligné Carole Roche. Une Ibode référente pour chaque spécialité est nommée afin de ne pas perdre en compétence à cause de la polyvalence.

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