L’aide-soignante, une sentinelle - L'Infirmière Magazine n° 362 du 01/07/2015 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 362 du 01/07/2015

 

FORMATION

LA PATHOLOGIE

SOPHIE KOMAROFF  

En charge de résidents fragiles qui présentent parfois des troubles de la déglutition, l’aide-soignante remplit plusieurs missions au cours des repas : distribution, aide, mais aussi surveillance.

Lorsqu’une personne âgée entre en Ehpad, la question de l’alimentation et des risques de fausse route est intégrée à son projet de vie, et ce, dès son arrivée. « Certains sujets sont plus fragiles que d’autres et identifiés en tant que tels, mais ce risque concerne l’ensemble des résidents, souligne Annie Prigent, infirmière coordinatrice de l’Ehpad La Pommeraie à Criquetot-l’Esneval (Seine- Maritime). Il est donc nécessaire de les entourer de précautions maximales et d’être très attentif au moment des repas. »

La bonne assiette au bon résident

Les plats étant généralement servis à l’assiette en Ehpad, l’aide-soignante, dont l’une des missions consiste à distribuer les repas, doit savoir quels sont les résidents à risque et que préparer pour chacun : quantité, texture, régime particulier (allégé en sel, etc.). Il est donc essentiel de ne pas se tromper, car la moindre erreur peut avoir de graves conséquences pour le résident. À la Pommeraie, par exemple, une responsable aide-soignante a pour mission de s’assurer du respect des consignes et qu’il n’y a pas d’erreur lors de la distribution. « Les repas sont adaptés à chaque résident, selon ses souhaits et sa maladie, poursuit Annie Prigent. Nous respectons la volonté de ceux qui ne veulent pas de texture hachée en appliquant une surveillance supplémentaire. »

Posture adaptée

Pour davantage de sécurité, notamment lorsque les effectifs sont trop justes, la plupart des établissements choisissent d’installer certains résidents (ceux qui présentent d’importants risques de fausse route, ou encore ceux atteints de troubles cognitifs ou physiques nécessitant une aide au repas et une vigilance particulière) dans une pièce différente de celle du restaurant. « Accompagnés et aidés par un nombre plus important de soignants, ceux-ci se restaurent dans une ambiance plus calme. Ils sont ainsi davantage concentrés sur la prise de leur repas », indique Catherine Villain, cadre supérieure du pôle Ehpad de l’unité de soins de longue durée du CHU de Rouen (Seine-Maritime). L’aide-soignant a également pour rôle de positionner correctement le résident lors du repas (lire p. 51). « Il ne faut pas faire manger en position allongée les personnes grabataires, par exemple, illustre Annie Prigent. Celles-ci doivent prendre leur repas redressées, avec la tête légèrement penchée en avant. L’aide-soignante sera particulièrement vigilante vis-à-vis de la position lors du repas, car il est difficile d’expliquer quelle est la posture adaptée à une personne atteintes de troubles cognitifs et de la déglutition. »

De la détection à l’alerte

La surveillance de l’aide-soignante est primordiale au moment de la prise des repas mais aussi dans la salle (déambulation d’un résident, par exemple). « La vigilance est de mise concernant les échanges entre les résidents ou les larcins dans les assiettes », insiste Catherine Villain. L’aide-soignante doit également être en mesure de reconnaître les signes de fausse route : toux, agitation importante voire état de panique, gêne respiratoire, malaise, cyanose. « Lors de fausse route, elle intervient à plusieurs niveaux : elle prévient l’IDE le plus rapidement possible, reste auprès du résident », indique Catherine Villain. Conformément aux recommandations de bonne pratique(1), l’aide-soignante adapte son intervention selon le type de fausse route. Cela consiste :

– en cas de toux, à encourager cette dernière et réassurer, sans autre manœuvre ;

– en cas d’asphyxie à commencer à procéder aux manœuvres de désobstruction en attendant l’arrivée de l’infirmière ou du médecin : claques dans le dos et, si celles-ci se révèlent insuffisantes, manœuvre de Heimlich. Cela suppose d’être titulaire de l’attestation de formation aux gestes et soins d’urgences.

L’aide-soignante est aussi chargée d’assister l’infirmière lors de la prise en charge de la fausse route : ainsi, elle peut être amenée à aider à placer le résident dans un fauteuil roulant en vue de l’amener à l’infirmerie, à aller chercher le chariot d’urgence, le kit d’aspiration ou l’extracteur d’oxygène… La connaissance de l’emplacement du matériel est par conséquent essentielle.

1- https://www.erc.edu/index.php/doclibrary/en/209/1/