UN RISQUE OMNIPRÉSENT - L'Infirmière Magazine n° 361 du 01/06/2015 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 361 du 01/06/2015

 

CONTAMINATION CHIMIQUE

ACTUALITÉS

FOCUS

AVELINE MARQUES  

Environ 8,2 % des soignants français seraient exposés aux produits cytotoxiques. Si la prévention progresse, elle demeure très imparfaite.

Paillasse, flacons, gants, toilettes, poignées de porte… La contamination chimique est omniprésente à l’hôpital. Un risque auquel sont exposés les préparateurs en pharmacie, soignants et ASH des services d’oncologie, mais aussi de dermatologie, de rhumatologie, d’infectiologie ou d’hématologie. Plusieurs études ont mis en lumière la contamination aux médicaments cytotoxiques(1) et ses effets cancérigènes, mutagènes ou reprotoxiques, entraînant l’élaboration de règles et de bonnes pratiques. Si le port de protections individuelles et l’utilisation de dispositifs de sécurité lors de la préparation des chimiothérapies (isolateurs ou hottes à flux laminaire) ont permis de raréfier les accidents, l’exposition prolongée à une contamination résiduelle reste problématique. Une étude à paraître, conduite par le Pr Pascal Odou, chef de pôle adjoint de l’Institut de pharmacie du CHRU de Lille, porte sur l’utilisation de dispositifs de transfert en système clos (DTSC). Menée sur six mois (20 000 préparations), elle a démontré une réduction de moitié de la contamination : 25,4 % des prélèvements de l’isolateur standard étaient contaminés, contre 12,6 % pour ceux de l’isolateur où le DTSC Phaseal (BD) était utilisé. La contamination a été réduite de 50 % sur les gants, principaux vecteurs, de 45 % sur la vitre interne et de 90 % sur le plan de travail.

Nettoyage imparfait

Mais pourquoi n’arrive-t-on pas à éradiquer la contamination ? Pour le Pr Odou, le nettoyage est imparfait : « Les produits cytotoxiques ont des comportements chimiques particuliers. Il ne suffit pas d’essuyer une goutte pour éliminer la contamination. » D’autres freins ont également été identifiés : le coût des dispositifs sécurisés pour les établissements, un défaut de formation pratique des professionnels, un manque de sensibilisation des soignants qui ne manipulent pas ces produits au quotidien ou encore l’impossibilité de sécuriser certaines préparations à petits volumes, comme les intrathécales.

1- Selon l’enquête Sumer 2002-2003, en France, 8,2 % des personnels soignants seraient exposés à des produits cytoxiques. En 2011, une enquête de l’Institut national de recherche et de sécurité a révélé leur présence dans les urines de près de la moitié des professionnels (300) de 12 hôpitaux.

Articles de la même rubrique d'un même numéro