OPÉRATION ZÉRO BIJOU : 100 % RÉUSSIE - L'Infirmière Magazine n° 361 du 01/06/2015 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 361 du 01/06/2015

 

INITIATIVE

DOSSIER

L’équipe opérationnelle d’hygiène du Centre hospitalier métropole Savoie de Chambéry s’est attaqué au port de bijoux. Après une longue campagne, l’opération a fait ses preuves.

Parfois, les recommandations les plus simples sont les plus difficiles à faire respecter, surtout si elles touchent à des habitudes profondément ancrées. Pour autant, avec un peu de pédagogie et beaucoup de patience, il reste possible de faire bouger les lignes. Ainsi, l’équipe opérationnelle d’hygiène (EOH) du Centre hospitalier métropole Savoie de Chambéry a-t-elle décidé de s’attaquer au port de bijoux. « Nous avions réalisé l’audit national sur les précautions standard et au vu des résultats, nous avons décidé de travailler sur l’hygiène des mains, se souvient le Dr Franck-Olivier Mallaval, médecin hygiéniste. Plutôt que de nous concentrer sur les techniques, qui sont bien connues des professionnels de santé, nous avons préféré agir sur les conditions prérequises, c’est-à-dire l’absence de bijoux, de faux ongles et de vernis. » L’équipe commence par réaliser, en 2012, un audit afin de dresser un état des lieux. La cadre hygiéniste est passée dans les services et a compté les bijoux portés par le personnel, que ce soit les médecins, les infirmières, les aides-soignantes ou les agents des services hospitaliers. L’EOH a ensuite lancé une campagne en trois volets. « Le premier se voulait humoristique, détaille Franck-Olivier Mallaval. Avec un dessinateur, nous avons réalisé une affiche par mois, qui paraissait dans le journal de l’hôpital et qui était également placardée dans les vestiaires. Les dessins étaient en lien avec les questions récurrentes que se posent les soignants, par exemple les inquiétudes liées au retrait de leur alliance ou à l’exposition de leurs familles au risque infectieux. »

Un travail de long terme

L’opération a duré près d’un an : les habitudes ayant la vie dure, le changement ne peut s’envisager que sur le long terme. Parallèlement, l’EOH a effectué une opération coup-de-poing : un matin, elle est passée dans tous les services afin d’y prélever les bijoux. Résultat, les bactéries y étaient présentes en nombre, même après un lavage des mains. Un constat qui a permis une prise de conscience de la part de certains soignants. « Enfin, puisque nous leur demandions de retirer leurs bijoux, il fallait leur proposer une solution, explique l’hygiéniste. Il existait déjà des accroche-bijoux que l’on fixe à la poche de poitrine, mais une fois sur deux, ils partaient à la blanchisserie avec la tenue ! » L’EOH a donc créé un système de tour de cou auquel sont accrochés deux mousquetons (l’un pour les bijoux, l’autre pour la clef de la pharmacie). Tous les soignants qui le désiraient en ont reçu un ; environ 1 500 ont été distribués. Pour évaluer les résultats de l’opération, un deuxième audit a été réalisé en avril 2013. « De plus de 40 % de soignants portant des bijoux aux mains, nous sommes passés à moins de 17 %, se félicite Franck-Olivier Mallaval. Toutefois, nous craignions que ces résultats ne se maintiennent pas dans le temps. Heureusement, un troisième audit, réalisé en avril 2014, a montré que ce taux était tombé à 14 % ! Aujourd’hui, par mimétisme, les personnes qui arrivent dans les services quittent aussitôt leurs bijoux. »