LE HARCÈLEMENT S’ENVOLE - L'Infirmière Magazine n° 361 du 01/06/2015 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 361 du 01/06/2015

 

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LISETTE GRIES  

Une étude démontre que les infirmières irlandaises se sentent de plus en plus harcelées par leurs supérieurs. En cause, des conditions de travail dégradées suite aux coupes budgétaires.

L’association irlandaise des infirmières et des sages-femmes (Inmo) a publié en avril les résultats d’une étude sur le harcèlement au travail, menée en 2014 avec l’Université de Galway et le National College of Ireland. Une étude similaire avait été conduite en 2010 avec l’Université de Limerick. En quatre ans, la situation s’est considérablement dégradée.

Sur les quelque 2 400 répondants, dont 88 % d’infirmières, plus de la moitié s’est sentie harcelée, soit une hausse de 13,4 % par rapport à 2010. Plus inquiétant encore, pour près de 6 % d’entre eux, le harcelèment est quotidien. Pour la professeure Maura Sheehan, à la tête de l’étude, ce chiffre est « très dérangeant. Les conséquences en termes de santé, de bien-être et de relations familiales des personnes harcelées au travail sont très graves ».

Conséquences pour les victimes : elles sont plus souvent absentes pour maladie, ressentent plus de stress et sont moins performantes au travail. Une baisse de la satisfaction qui conduit certaines à chercher un nouvel emploi.

Tolérance zéro

Pour Phil Ni Sheaghdha, de l’Inmo, « les employeurs doivent s’assurer que leurs mesures sont efficaces et que les managers sont formés à une intervention précoce et appropriée ». Car si les politiques de lutte contre le harcèlement professionnel sont légion, leur application reste plus rare… Seules 11 % des victimes ont reporté l’incident de façon formelle. « Une politique de tolérance zéro doit être appliquée à tous les professionnels, quel que soit leur niveau d’expérience, d’ancienneté ou de spécialisation », insiste Maura Sheehan.

Pour l’Inmo, les coupes budgétaires des hôpitaux, qui se trouvent en permanence saturés et en sous-effectifs, sont une cause probable du harcèlement professionnel. Et d’annoncer la publication d’un guide à destination des victimes dans lequel elle leur conseille de garder leur calme, de s’éloigner, de documenter l’incident, de suivre les procédures prévues et de solliciter du soutien.

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