DES INFIRMIÈRES S’ENGAGENT - L'Infirmière Magazine n° 359 du 01/04/2015 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 359 du 01/04/2015

 

RECHERCHE PARAMÉDICALE

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PASCALE THIBAULT  

Les infirmières réunionnaises ont mis en avant leur projet de recherche lors de la toute première journée sur la recherche paramédicale qui s’est tenue dans l’île. Des Idel ont déjà obtenu des résultats en effectuant des dépistages du diabète de type 2.

Le 6 février dernier, pas moins de 200 personnes – pour la plupart des infirmiers libéraux réunionnais ou exerçant au CHU de l’île, basé sur les sites de Saint-Denis et Saint-Pierre – se sont réunis autour de la recherche infirmière et paramédicale lors de la 1re Journée de la recherche paramédicale de l’océan Indien. Laquelle donna lieu à une mise au point sur l’histoire, les évolutions de la recherche infirmière et les bases méthodologiques. Un rappel utile, puisque ce sont souvent les insuffisances méthodologiques qui empêchent le financement de certains projets de recherche. Ces derniers ont néanmoins été présentés, dans un but plutôt pédagogique, aux côtés de travaux aboutis, telle l’étude Linipoche.

Les libérales sur la piste du diabète

Soutenus par l’Union régionale des professionnels de santé (URPS), les infirmiers libéraux ont pu identifier leur contribution novatrice à différents travaux et débattre au cours d’une table ronde sur les moyens de développer la recherche dans leur secteur. Au menu des projets de recherche auxquels les Idel ont contribué activement, figure le dépistage organisé du diabète de type 2 dans l’est de l’île. Non moins de 42 Idel volontaires de ce territoire se sont engagés ainsi entre mars et septembre 2014 pour participer à une « stratégie avancée de dépistage des cas probables de diabète de type 2 ». Ce projet a été soutenu financièrement par l’ARS de l’océan Indien. Quelque 581 cas suspects ont été recensés, soit près de 15 par infirmier. Les professionnels ont pris en compte leurs propres patients suivis pour une autre pathologie (24 %), mais aussi leurs famille (38 %), voisins (34 %) et collègues de travail (4 %). Pour Gaëlle Ollivier-Gouagna, épidémiologiste à l’URPS des infirmiers, « ces résultats montrent que les infirmiers libéraux peuvent effectuer des dépistages dans des populations qui ne sont pas en contact avec d’autres professionnels de santé ». Les retombées de ce travail sont potentiellement importantes, puisque les infirmiers libéraux ont contribué efficacement à la prévention du diabète de type 2 parmi la population générale de leur bassin de travail. Les 84 cas probables de diabète ont pu être dépistés et pris en charge très précocement, permettant ainsi que le déclenchement de la maladie soit retardé, voire stoppé dans certains cas.

Un autre projet de recherche visant l’amélioration de la prise en charge ambulatoire des plaies du pied diabétique a également été mené. L’enquête a déjà révélé que 62,5 % des patients amputés une première fois souffrent de diabète de type 2, dont 20 % ne sont pas traités.

Recherche d’appuis

Au cours d’une table ronde, les infirmiers libéraux ont débattu des moyens de développer des projets de recherche, notamment par l’identification des aides possibles sur le plan humain et matériel. Pour cela, des représentants du Cyroi(1), des médecins libéraux et un cadre assurant la formation auprès d’infirmières libérales en métropole, sont intervenus successivement. La première étape consisterait à dresser un bilan qualitatif de son activité infirmière, pour la rendre perceptible, identifier les questions prédominantes et évaluer la faisabilité d’une éventuelle recherche. Le développement de travaux en épidémiologie rendrait aussi davantage visibles des problématiques encore non identifiées.

Nouveaux savoirs

Cette même table ronde a permis une prise de conscience des multiples intérêts que les Idel ont à développer des projets de recherche. Notamment : de nouveaux savoirs garantis pour le patient, l’élaboration de recommandations professionnelles adaptées à leur exercice et l’amélioration globale des prestations. À cela s’ajoutent la réponse aux exigences législatives et éthiques, avec obligation de travailler en fonction des avancées de la science ; une meilleure visibilité du travail de l’infirmier libéral ; des réponses à des problématiques non prises en compte ; une plus grande satisfaction au travail et un coût moindre. Ces travaux peuvent se faire en collaboration avec les équipes du CHU et les médecins libéraux déjà engagés dans cette voie, mais aussi par des partenariats avec des institutions de recherche.

1- Plate-forme de recherche et d’innovation en biotechnologies.

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