Un lien qui passe par la peau - L'Infirmière Magazine n° 357 du 01/02/2015 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 357 du 01/02/2015

 

FORMATION

L’ESSENTIEL

A. S.  

Dans les unités kangourou, l’enfant est hospitalisé au plus près de sa mère et bénéficie de peau à peau réguliers. Cette alternative aux services de néonatalgie a de multiples bienfaits.

La méthode kangourou a été mise au point au début des années 1980 à Bogota, en Colombie, pour des nouveau-nés de tout petit poids. En l’absence de couveuse, ce peau à peau avec leur mère leur permettait de réguler leur température corporelle. Cette pratique est de plus en plus répandue et plébiscitée par les instances internationales pour éviter les décès de prématurés et favoriser le lien parents-enfant. En France, de nombreuses maternités appliquent cette méthode au sein d’unités kangourou ou d’unités mère-enfant. Autrement dit, l’enfant est hospitalisé à sa place physiologique, c’est-à-dire au plus près de sa mère, dans la même chambre, en couveuse ou en berceau. La mise du bébé en peau à peau avec sa maman et son papa est très fortement encouragée. Sur le plan de l’hygiène, les précautions d’asepsie sont les mêmes qu’en néonatologie. Parents et visiteurs sont très sensibilisés au lavage des mains et au port du masque en cas de maladie infectieuse. Au Centre hospitalier de La Rochelle, une unité kangourou de six chambres existe au sein de la maternité depuis 2012. Les infirmières puéricultrices du service de néonatologie qui s’y relaient constatent de réels avantages pour les bébés, les parents et les soignants. « Nous accueillons les bébés dans l’unité kangourou à partir de 34 SA, à condition qu’ils n’aient pas besoin d’une surveillance respiratoire 24 h sur 24. Par rapport au service de néonat, on voit bien que moins de séparation entre les parents et leur bébé, c’est moins d’angoisse pour tous », souligne Delphine Arquis, infirmière puéricultrice au sein du service. Présents au quotidien avec leur enfant, les parents deviennent également autonomes plus rapidement et sont moins inquiets lors des soins d’hygiène. « Je ne sais pas si c’est scientifiquement démontré mais, au quotidien, nous mesurons vraiment les bénéfices du peau à peau avec les deux parents pour l’attachement, et cela se traduit aussi en durée d’hospitalisation raccourcie », poursuit sa collègue Laetitia Bœuf. À La Rochelle, les rotations sont généralement d’une quinzaine de jours voire un mois, ce qui laisse le temps aux puéricultrices de développer un vrai lien avec les bébés et leurs parents. « C’est une prise en charge plus personnalisée, les parents sont très cocoonés. Donc, lorsqu’ils rentrent à la maison avec leur bébé, ce sont des moments extrêmement touchants et valorisants pour nous », témoigne Delphine Arquis. Un adjectif qui revient également chez sa collègue Laetitia Bœuf : « Alors qu’en néonatologie, on s’occupe souvent de bébés différents d’un jour à l’autre, dans l’unité kangourou, on peut suivre les bébés, les voir s’éveiller et accrocher le regard de leurs parents. C’est très valorisant de pouvoir observer l’évolution de ces enfants », confie-t-elle.