Le parcours de l’étudiant - L'Infirmière Magazine n° 357 du 01/02/2015 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 357 du 01/02/2015

 

FORMATION

TUTORAT

SANDRA MIGNOT  

Marie-Christine Nanquette, cadre paramédical de pôle à l’hôpital Trousseau (AP-HP), présente le dispositif mis en place pour l’accueil des étudiants et niveaux IDE dans les trois services qu’elle chapeaute.

Comment avez-vous adapté l’accueil des étudiants en stage, depuis la réforme introduisant le tutorat ?

Nous avons travaillé avec un formateur d’Ifsi sur les compétences à développer pour nos services et les soins spécifiques qui leur correspondent. Nous devons tous parler le même langage, surtout à présent que les formateurs ne viennent plus dans les établissements. Cela nous a permis d’élaborer une grille d’évaluation des compétences requises secteur par secteur, correspondant à chaque service (réanimation néonatale pédiatrique, néonatologie, maternité). Nous avons aussi travaillé sur un livret d’accueil spécifique qui présente l’organisation du service, les pathologies rencontrées, les intervenants professionnels, la place de la famille, les protocoles, la loi Léonetti, les paramètres vitaux à surveiller, etc. Ce livret – adapté de celui que nous proposons aux nouveaux recrutés – et la grille de compétences sont transmis à l’étudiant par son formateur avant le début du stage. Il est en place dans notre service de réanimation depuis janvier 2014, et sera prochainement développé en néonatologie, puis en maternité. Nous avons élaboré un parcours professionnalisant qui permet aux étudiants de commencer, dans chaque service, par l’unité la moins technique, et de construire progressivement leurs compétences. Par exemple, en réanimation, ils commencent par la surveillance continue, où il n’y a pas de ventilation, mais où ils apprennent à connaître le matériel et à développer leur sens de l’observation. Ils doivent savoir détecter si un enfant décompense et faire des liens avec la théorie. Avant de passer en réanimation néonatale, l’IDE de proximité remplit la grille de compétences avec l’étudiant et fixe des objectifs pour la prochaine unité. Si les compétences n’ont pas été acquises, l’étudiant est accompagné par l’IDE de proximité du secteur suivant afin de les retravailler. Un bilan en fin de stage reprend l’ensemble des évaluations des différents secteurs en présence du maître de stage. Ce qui nous permet de remplir de façon objective la feuille de stage.

Les connaissances sont-elles évaluées à l’arrivée dans le service ?

Un questionnaire d’évaluation des connaissances pré-requises a effectivement été élaboré. Le but est de fixer avec l’étudiant des objectifs pertinents. Il devrait également être repris en fin de stage. Mais c’est difficile à mettre en place, car cela prend beaucoup de temps aux cadres. Il faut accompagner l’étudiant pendant qu’il passe le test (calculs de doses, contrôles d’hémovigilance, etc.), lui expliquer ce qui ne va pas lorsqu’il ne trouve pas les réponses adéquates, etc. Cela peut prendre quatre ou cinq heures… Pour l’instant, ces prérequis sont donc évalués au quotidien par le professionnel de proximité sur des situations concrètes de soins.

Les infirmiers venant d’un autre type de service bénéficient-t-ils également d’un accompagnement ?

En réanimation néonatale pédiatrique, ils reçoivent un livret d’accueil légèrement différent, en cours d’actualisation. Comme les étudiants, ils ne commencent pas par l’unité la plus technique, mais par la surveillance continue ou la réanimation néonatale. Nous avions remarqué que l’arrivée d’une nouvelle recrue dans le service générait beaucoup de stress : en effet, à la découverte d’un nouveau service s’ajoutait celle du fonctionnement en douze heures, assez éprouvant. Nous avons donc modifié notre période d’intégration : les quatre premières semaines sont désormais travaillées en neuf heures de jour, quatre jours par semaine. L’apprenant est moins fatigué et stressé, et assimile donc plus facilement. Il passe ensuite aux douze heures et au service de nuit pour quatre autres semaines. Si besoin, nous pouvons ajouter une semaine à ce cycle d’intégration. Cela se passe mieux et les bilans de fin d’intégration sont nettement plus favorables. Par ailleurs, ce dispositif nous a permis de passer de douze à sept ou huit semaines d’intégration.