HARO SUR LE BRUIT - L'Infirmière Magazine n° 357 du 01/02/2015 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 357 du 01/02/2015

 

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AVELINE MARQUES  

Une étude américaine publiée fin 2014 s’est penchée sur le danger induit par la profusion de sons et d’alertes visuelles.

Un « bruit de fond ». C’est la façon dont les soignants des unités de soins intensifs finissent par percevoir les centaines d’alarmes qu’ils entendent chaque jour. Parmi les nombreuses fausses alertes, ils peuvent ne pas discerner une urgence vitale. Ce phénomène, « la fatigue de l’alarme », est pris au sérieux outre-Atlantique depuis le décès très médiatisé d’un patient hospitalisé dans un prestigieux centre médical, en 2010. L’équipe avait déclaré ne pas avoir entendu les nombreuses alertes annonçant la survenue d’un arrêt cardiaque. Selon l’agence de sécurité sanitaire américaine, plusieurs décès ont également eu lieu suite à la mise en silencieux, voire la désactivation, des alarmes par des soignants arrivés à saturation.

Fausses alertes

Durant un mois, les infirmières et ingénieurs du laboratoire « ECG monitoring » de l’université de Californie ont enregistré toutes les alarmes qui se sont déclenchées à l’unité de soins intensifs du centre médical de l’université, à San Francisco. Au total, plus de 2,5 millions de signaux ont été comptabilisés dans cette unité de 77 lits, qui a accueilli 467 patients au cours de la période étudiée. 381 560 étaient audibles, soit, en moyenne, 187 par lit et par jour. 88,8 % des signaux d’arythmie analysés (12 671) étaient de fausses alertes. Les chercheurs ont également enregistré près de 800 000 alarmes techniques. Ils recommandent ainsi de remplacer les électrodes toutes les 24 heures et de configurer les alarmes pour chaque patient.