LE MINISTÈRE APPUIE LÀ OÙ ÇA FAIT MAL - L'Infirmière Magazine n° 356 du 01/01/2015 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 356 du 01/01/2015

 

DOULEUR IATROGÈNE

ACTUALITÉS

FOCUS

AVELINE MARQUES  

L’avenir du Centre national de ressources de lutte contre la douleur (CNRD), créé en 2002 à la suite du deuxième plan national consacré à cette question, est incertain.

Selon une étude menée en 2014 à la Pitié-Salpêtrière (AP-HP), 59 % des patients ont subi une douleur lors d’un soin au cours des dernières 24 heures ; moins d’un quart ont reçu un traitement antalgique. Des résultats qui montrent la nécessité de sensibiliser et former davantage les soignants à la douleur provoquée par les soins (DPS). Créé dans ce but, le CNRD a failli ne pas survivre à l’année 2014 : en novembre, l’équipe a appris la suppression de son financement ministériel(1). Une sentence qui tombe plus d’un an après la publication d’un rapport d’évaluation particulièrement critique : focalisé sur la douleur de l’enfant, le CNRD tiendrait plus de l’unité de recherche que du centre de ressources. Il lance une campagne de mobilisation et met en avant son action : l’accompagnement de plus de 200 équipes dans la mise en place de protocoles antalgiques ou d’études cliniques, une épidémiologie de la DPS des nouveau-nés et des personnes âgées(2), des films de formation, neuf congrès, etc.

Promouvoir les outils

« L’arrêt du CNRD pourrait laisser croire que la problématique de la douleur provoquée par les soins serait réglée en France », ironise un communiqué. Fin de vie, exercice libéral… « Il y a beaucoup de situations où la douleur n’est pas identifiée, estime le Dr Frédéric Maillard, un membre de l’équipe. Il faut promouvoir les outils, comme le Méopa qui peut être utilisé à domicile sur une personne âgée pour le pansement d’un ulcère. Si on ne continue pas de dire qu’on peut mieux faire, les mauvaises habitudes vont l’emporter. » Ces arguments ont, semble-t-il, fait fléchir le ministère : le financement serait finalement maintenu en 2015. Les missions du CNRD devront être élargies et son fonctionnement remis à plat, « sur la base d’un appel à candidatures large », précise la DGOS.

1- 420 000 € versés à l’AP-HP, qui héberge le CNRD, sous forme de dotation de missions d’intérêt général.

2- Études EPIPPAIN, en 2008, et REGARDS, en 2010.