Douche confort - L'Infirmière Magazine n° 356 du 01/01/2015 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 356 du 01/01/2015

 

BLOC PÉDIATRIQUE

SUR LE TERRAIN

INITIATIVE

KAREN RAMSAY  

Mis en place depuis 2011 par le CHU de Rouen, les soins en baignoire permettent une prise en charge globale des enfants brûlés jusqu’à 20 %.

Introduire un point d’eau dans un bloc opératoire : la démarche est assez particulière pour être soulignée. Cette initiative, mise en place au sein du bloc pédiatrique du CHU de Rouen (Seine-Maritime), est le fruit d’une concertation pluridisciplinaire entre l’équipe chirurgicale et paramédicale, les anesthésistes, la fédération d’hygiène – pour la validation du protocole d’entretien du chariot douche élaboré par l’équipe d’aides-soignantes du bloc – et les services techniques. « Une salle d’opération est, par définition, privée de point d’eau, mais les équipes ont toutes acté cette prise en charge différente pour les jeunes patients brûlés », explique Adelaïde Haeml, IDE. En 2011, lors d’une restructuration, l’une des cinq salles d’intervention du bloc a ainsi été dotée d’un chariot douche, l’objectif étant d’offrir des soins adaptés efficaces et de confort aux enfants sous anesthésie générale.

Diminution des lésions

Les soins effectués sur le chariot douche sont proposés aux enfants présentant des brûlures cutanées sur moins de 20 % de leur surface corporelle. Pour estimer ce pourcentage, les professionnels utilisent la main (doigts compris), car « la paume d’un enfant équivaut à 1 % de sa surface corporelle », poursuit Adelaïde Hamel. Une fiche spécifique permet de détailler, sur un schéma corporel, les zones atteintes, ainsi que la profondeur et le type de brûlures (thermiques, chimiques, électriques). « Traiter les brûlures par le bain améliore les soins d’hygiène et de confort. Les pansements sont programmés tous les deux jours, en début de matinée opératoire, afin de réduire les temps de jeûne, ce qui permet des apports hydriques et protidiques équilibrés », confie Christine Tillaux, IDE.

Tous les deux jours, l’enfant est amené au bloc opératoire. Après l’anesthésie, l’équipe s’attelle à l’ablation du pansement. Si le retrait présente des difficultés, il est réalisé directement dans le chariot douche, de façon à imbiber le pansement et le retirer sans saignement. Une lampe chauffante, positionnée au-dessus de l’enfant, permet de maintenir une bonne température corporelle. Puis vient un temps d’évaluation de l’évolution de la cicatrisation, où l’équipe réfléchit à la stratégie de traitement à adopter. La troisième étape est celle du lavage. Les infirmières procèdent à une détersion à l’aide de Bétadine scrub et de compresses tissées pour éliminer la flore superficielle et profonde, les squames et les peaux mortes, et terminent par un rinçage soigné. Si l’enfant présente de la fièvre, un écouvillonnage est effectué pour analyser la flore profonde pathogène. Après un tamponnage rigoureux, qui limite les risques de saignement des plaies, l’enfant est installé sur le chariot de transfert recouvert d’un champ stérile. Son pansement est refait selon un protocole validé par le chirurgien plasticien référent. Un pansement gras est généralement appliqué, suivi de vaseline. Le soin se termine par la pose de compresses non tissées maintenues par des bandes Velpeau fixées à l’aide de bandes adhésives. « Depuis la mise en œuvre de cette pratique, nous avons constaté une diminution des lésions de grattage, des impétiginisations périphériques – infestation par le staphylocoque epidermidis – et des surinfections locales. L’enfant est plus calme, moins douloureux. Il supporte mieux les pansements, s’alimente et s’hydrate correctement », se réjouit Christine Tillaux.

RÉCOMPENSE

Prix de l’innovation paramédicale

Le projet a reçu, début octobre, le 2e prix aux Trophées Innov’a soins, créés par le CHU-Hôpitaux de Rouen et récompensant les innovations paramédicales des équipes infirmière, médicotechnique et de rééducation. L’édition 2014 a recueilli 7 004 votes en ligne, dont 3 433 du personnel du CHU. Sur les dix projets en soins paramédicaux qui ont été présentés, le projet « Chariot douche au bloc opératoire pédiatrie » a été récompensé « car il a fédéré une équipe pluridisciplinaire autour de la prise en charge d’enfants victimes d’accidents de brûlures et pris en charge dans l’urgence avec une technique peu connue, qui regroupe soins techniques et soins de bien-être. C’est une véritable reconnaissance, une valorisation et une transmission du savoir-faire infirmier », résume Annie Duboc, cadre de santé.