SSPI : patients sous haute surveillance - L'Infirmière Magazine n° 355 du 01/12/2014 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 355 du 01/12/2014

 

FORMATION

EN ÉQUIPE

À partir du milieu des années 90, la réglementation sur les soins postopératoires s’est considérablement durcie. À leur réveil, les personnes opérées restent désormais sous la responsabilité des soignants au sein d’une salle répondant à des normes strictes.

La salle de surveillance postinterventionnelle (SSPI), communément appelée « salle de réveil », est une unité de soins, de surveillance et d’observation. Y sont accueillis des patients ayant bénéficié de tout type d’anesthésie (générale, locorégionale, mais aussi locale), à la suite d’un acte chirurgical ou diagnostique.

Ces patients nécessitent une surveillance continue. De nombreuses études ont montré que plus de la moitié des accidents liés à la phrase de réveil après une anesthésie surviennent durant les premières heures postopératoires. Les antécédents du patient, l’acte pratiqué et les effets résiduels de l’anesthésie sont les principaux facteurs de complications. Depuis l’instauration de l’obligation de surveillance continue du patient, en 1994, le nombre de complications anesthésiques et chirurgicales a été divisé par dix : en 1999, une enquête de l’Inserm recensait un décès pour 14 500 actes d’anesthésie. Après la mise en œuvre du décret 94-1050 du 5 décembre 1994 sur l’organisation et le fonctionnement de la SSPI, la Société française d’anesthésie et de réanimation (Sfar) a émis des recommandations concernant la surveillance postanesthésique.

Historique et rappel de la législation

En 1973, un homme de 25 ans, Alain Farçat, décède par arrêt cardio-respiratoire après une opération des amygdales dans une clinique de Neuilly-sur-Seine. Un défaut de surveillance est constaté : en l’absence de salle de réveil, il a été reconduit directement dans sa chambre dès la fin de l’intervention. Les premiers textes de loi (voir encadré p. 56) apparaissent après cette affaire. En résumé, pour tout patient devant subir une anesthésie générale ou locorégionale, les établissements de santé doivent assurer :

Une consultation pré-anesthésie pour toute intervention programmée.

Des moyens de surveillance pour toute anesthésie.

Une surveillance continue après l’acte chirurgical.

Des moyens pour faire face à toute complication anesthésique et/ou chirurgicale.

La disponibilité de certains équipements.

Une structure adaptée, à la localisation précise.

Un personnel qualifié.

Une traçabilité des procédures et de la surveillance des patients.

Un contrôle des dispositifs médicaux (check-list).

L’objectif est d’assurer une prise en charge de qualité et la sécurité des patients.

Organisation et gestion

La SSPI doit être située à proximité des blocs opératoires pour limiter la durée du transfert du patient et permettre l’intervention rapide du médecin anesthésiste.

Sa capacité minimale est de quatre postes de surveillance. Le nombre de postes est calculé sur la base de 1,5 emplacement par salle d’intervention en chirurgie réglée. Pour la chirurgie ambulatoire, 3 emplacements sont nécessaires par salle d’opération. Le personnel doit avoir une vue sur l’ensemble des postes de surveillance.

La SSPI est un site fonctionnel ouvert 24 heures/24, 7 jours/7. Elle est équipée pour la prise en charge d’un opéré et pour tout patient nécessitant une surveillance rapprochée. Le site doit disposer :

D’un dispositif d’alerte (interphone, téléphone portable) permettant de faire appel aux personnes nécessaires en cas de survenue de complications.

D’un chariot d’urgence (médicaments d’urgence et d’anesthésie, matériel d’intubation, ballon autoremplisseur).

D’un obus d’oxygène de secours.

D’un dispositif d’assistance ventilatoire muni d’alarmes de surpression et de débranchement ainsi que d’arrêt de fonctionnement.

D’un appareil à ECG.

D’un échographe.

D’appareils de surveillance de la profondeur du sommeil (BIS), du taux d’hémoglobine et de la glycémie.

Du matériel permettant la défibrillation cardiaque des patients ainsi que l’appréciation du degré de leur éventuelle curarisation, auquel le personnel exerçant dans cette salle doit pouvoir accéder sans délai.

> D’un nombre important de pousse-seringues avec, pour certains, une fonction permettant la prise en charge de la douleur (PCA, PCEA).

Une antenne de pharmacie est souvent incluse dans la zone de SSPI. Y seront regroupés les médicaments, les dispositifs médicaux, le matériel permettant l’anesthésie locorégionale ainsi que la pose de voies veineuses périphérique et centrale.

Chaque poste installé est doté de dispositifs médicaux permettant l’arrivée de fluides médicaux, l’aspiration par le vide, le contrôle continu du rythme cardiaque et l’affichage du tracé électrocardioscopique par des appareils munis d’alarme, le contrôle de la saturation du sang en oxygène, la surveillance périodique de la pression artérielle. Ils devront fournir les moyens nécessaires au retour à un équilibre thermique normal pour le patient.

Des dispositifs médicaux simples y sont également accessibles (électrodes, compresses, masques, lunettes O2, ballon autoremplisseur, masque facial, stéthoscope).

La composition de l’équipe

Chaque jour, un médecin anesthésiste-réanimateur assume la responsabilité de la salle. Il en assure le fonctionnement avec un personnel infirmier formé à la prise en charge des patients en SSPI : IDE, Iade (la présence constante d’une Iade est recommandée par la Sfar), aide-soignante. En général, pour six postes de soins, une IDE et une aide-soignante au minimum sont nécessaires.

L’activité en SSPI

Ses fonctions sont multiples. Elle sert principalement à accueillir les patients opérés, mais aussi les personnes amenées par le Samu pour une prise en charge initiale avant une intervention chirurgicale. Des actes diagnostiques ou thérapeutiques y sont parfois réalisés : échographie transœsophagienne, cardioversion, analgésie péridurale ou analgésie autocontrôlée par le patient, mise en place de cathéter central.

La check-list

Mise en place par l’arrêté du 3 octobre 1995, la check-list a pour but de sécuriser la prise en charge des patients en SSPI (voir p. 61). Elle consiste en un contrôle obligatoire de chaque poste de surveillance, du matériel nécessaire et des appareils de surveillance. Ce contrôle est réalisé après la sortie de chaque patient. La check-list est ensuite datée, signée puis archivée. Le nom et la signature du médecin anesthésiste-réanimateur responsable de la SSPI doivent y apparaître.

REPÈRES

Ce que dit la loi

Article D6124-97

La surveillance continue postinterventionnelle a pour objet de contrôler les effets résiduels des médicaments anesthésiques et leur élimination et de faire face, en tenant compte de l’état de santé du patient, aux complications éventuelles liées à l’intervention ou à l’anesthésie. Cette surveillance commence en salle, dès la fin de l’intervention et de l’anesthésie. Elle ne s’interrompt pas pendant le transfert du patient. Elle se poursuit jusqu’au retour et au maintien de l’autonomie respiratoire du patient, de son équilibre circulatoire et de sa récupération neurologique.

Article D6124-98

Sauf pour les patients dont l’état de santé nécessite une admission directe dans une unité de soins intensifs ou de réanimation, la surveillance qui suit le transfert du patient est mise en œuvre dans une salle de surveillance postinterventionnelle. Sous réserve que les patients puissent bénéficier des conditions de surveillance mentionnées à l’article D. 6124-97, peuvent tenir lieu de salle de surveillance postinterventionnelle :

La salle de travail située dans une unité d’obstétrique, en cas d’anesthésie générale ou loco-régionale pour des accouchements par voie basse ;

> La salle où sont pratiquées des activités de sismothérapie.

Article D6124-100

La salle de surveillance postinterventionnelle est située à proximité d’un ou plusieurs sites où sont pratiquées les anesthésies et dont le regroupement est favorisé, notamment des secteurs opératoires et des secteurs où sont pratiqués les actes d’endoscopie ou de radiologie interventionnelle.

Ses horaires d’ouverture tiennent compte du tableau fixant la programmation des interventions, mentionné à l’article D. 6124-93, et de l’activité de l’établissement au titre de l’accueil et du traitement des urgences.

Toute nouvelle salle de surveillance postinterventionnelle, y compris lorsqu’elle est créée par regroupement de salles existantes afin notamment de respecter les normes de personnel paramédical mentionnées à l’article D. 6124-101, comporte une capacité minimale de quatre postes.