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L'infirmière Magazine n° 355 du 01/12/2014

 

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MARIE-CAPUCINE DISS  

Hélène Dehaut, IDE au CHRU de Lille, a présenté lors du Salon son projet sur les journaux de bord, sélectionné dans le cadre du PHRIP 2013.

Tenir un journal de bord lors du coma artificiel de patients ayant subi un arrêt cardio-circulatoire pourrait limiter les troubles de stress post-traumatique (TSPT). Cette hypothèse est à l’origine du travail de recherche d’Hélène Dehaut, sélectionné dans le cadre du programme hospitalier de recherche infirmière et paramédicale (PHRIP) en 2013. À leur réveil, les patients n’ont souvent aucun souvenir d’un séjour hospitalier, pourtant générateur de nombreux stress : intubation, bruits, douleur, éclairage quasi continu… Ils peuvent subir des flash-back sensitifs qui peuvent ensuite causer une dépression ou des conduites addictives.

L’étude permettra de comparer l’évolution de deux groupes de patients, dont l’un aura bénéficié d’un journal de bord pendant son séjour en soins intensifs. Ce support est placé au pied du lit du patient à son arrivée et lui est remis à sa sortie.

Accepter une maladie

Pour Hélène Dehaut, ce document, qui peut être rempli aussi bien par les proches que par les soignants, pourra aider le patient à accepter une maladie cardiaque dont il ignorait l’existence et qu’il doit désormais prendre en compte. Autre bénéfice envisageable : en relisant ce document, le patient pourra prendre conscience du fait qu’il a été soutenu pendant cette période difficile. Hélène Dehaut émet également l’hypothèse que la tenue d’un journal par les soignants leur permet de « montrer à la famille qu’ils prennent le patient en considération et qu’ils n’ont pas seulement regardé la vitesse de SAP (seringue autopousseuse), les paramètres du respirateur, les repères de la sonde gastrique ou d’intubation. » Ce document étant consultable par tous, il permet également aux soignants d’être informés des incompréhensions formulées par les membres de la famille : « Nous pouvons alors aller vers eux et leur expliquer ce qui n’a pas été compris. Devant les multiples tâches que nous effectuons sous leurs yeux, les proches hésitent à venir vers nous pour poser des questions. »

Ce journal permet enfin de « prendre soin de l’attente » en proposant aux proches une activité qui les détournera de leurs angoisses : « C’est l’une des seules choses qu’ils peuvent faire pour le patient. »

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