Les rituels funéraires - L'Infirmière Magazine n° 354 du 01/11/2014 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 354 du 01/11/2014

 

FORMATION CONTINUE

L’ESSENTIEL

Le respect de traditions, religieuses ou non, permet aux proches du défunt de faire leur deuil. Les soignants peuvent y contribuer en apportant des soins au corps, voire en autorisant une cérémonie.

Souvent associés à la religion, les rituels mortuaires, d’origine païenne, permettent aux vivants de traverser l’épreuve de la séparation. Grâce aux soins apportés au corps, ils peuvent garder une image décente de l’être décédé, ce qui favorise le travail de deuil. Les cérémonies leur permettent de prendre le temps de respecter l’être cher dans son nouvel état.

Dans les pays occidentaux, les rites autour de la mort se sont nettement amenuisés ces cinquante dernières années. Ils se déroulent désormais dans un contexte plus intime, plus familial, quand autrefois, le deuil était partagé par la communauté.

Outre la toilette, les rites portent sur la façon d’annoncer le décès, les cérémonies qui l’entourent, l’exposition du corps et les possibilités de le voir avant l’enterrement ou la crémation, le délai entre le décès et les funérailles, les cérémonies, les condoléances et l’expression de la souffrance.

Dans les années 1950 et 1960, la maison de la personne décédée était drapée de noir. Un cortège funèbre accompagnait le mort de son domicile au lieu de culte, puis au cimetière. Les personnes endeuillées portaient des vêtements spécifiques pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois, voire jusqu’à la fin de leur vie pour certaines veuves. Chacun respectait des codes sociaux liés à son degré de proximité avec le mort. Aujourd’hui, les signes extérieurs de deuil ont presque totalement disparu. La pression sociale incite à reprendre le cours de sa vie le plus rapidement possible, ce qui n’est pas toujours compatible avec l’état émotionnel réel. Le fait que la mort ait lieu au sein d’un service hospitalier constitue également une contrainte, ce qui nécessite des aménagements. La souffrance ne peut par exemple être exprimée par des pleureuses, comme dans le bassin méditerranéen.

L’une des conséquences de la disparition progressive des rituels est qu’on ne peut plus donner de sens à l’agonie, en particulier lors d’un décès attendu. Cette étape favorisait auparavant le regroupement des familles, de la communauté, apportant aux proches un réconfort.

L’appartenance du défunt à une religion ne signifie pas obligatoirement que lui-même ou son entourage souhaite respecter l’ensemble des rites connus. À contrario, l’absence de religion n’implique pas l’absence de rites funéraires. Le défunt peut simplement envisager de réunir une communauté de personnes, pour un moment particulier.

Que les rites soient liés à une religion, à des croyances familiales ou à des souhaits personnels, il est important qu’ils puissent être respectés et donc que les soignants abordent le sujet avant le décès, lorsque cela est possible, ou au moment du décès lorsque celui-ci est brutal. Les échanges avec l’entourage sont alors essentiels. Il peut arriver que la famille n’ait « rien prévu ». Dans ce cas, les soignants peuvent lui laisser le temps de la réflexion ou proposer un geste symbolique.

En milieu hospitalier, la question principale est celle de la toilette rituelle du défunt (voir la fiche p. 59). Il est aussi possible d’organiser certaines cérémonies pendant que le corps reste dans le service : recueillement, chants, pleurs, aménagement de la chambre, venue d’un représentant du culte, prières. Les rites se poursuivent ensuite au funérarium, puis sont délégués aux agents des pompes funèbres.

Quelques notions relatives aux rituels religieux peuvent être utiles afin d’éviter des erreurs au moment du décès et de la toilette mortuaire.

→ Pour les catholiques, la toilette peut être faite par le personnel soignant. Traditionnellement, les mains sont posées sur la poitrine, les doigts entrecroisés. Le corps est habillé avec les vêtements choisis par l’entourage. Un chapelet peut y être attaché, selon les souhaits de la famille. Une veillée peut être organisée afin de permettre aux proches de voir le défunt dans sa chambre.

→ Pour les protestants, il n’y a pas de rituel concernant le corps. La toilette peut être effectuée par les soignants afin que le corps soit présentable.

→ Pour les orthodoxes, le corps est lavé, habillé. Les mains, dans lesquelles est placée une icône, sont croisées sur la poitrine.

→ Dans toutes ces religions, le visage est découvert.

→ Pour les juifs, le corps est sacré. Le traitement du cadavre, et en particulier la toilette mortuaire, doit être effectué par des représentants de la religion, de préférence du même sexe. La famille n’y assiste pas. Le corps nu est placé sur le dos, les bras le long du corps, les paumes tournées vers le haut, doigts bien écartés. Le corps est recouvert d’un drap blanc, la tête ne doit ensuite plus être découverte.

→ Pour les musulmans, la toilette est également effectuée par une personne du même sexe, pratiquant la religion. Le corps est recouvert d’un linceul blanc. La tête est orientée vers La Mecque.

→ Pour les hindous, seuls les hommes sont lavés, par le fils aîné ou le chef de famille, puis habillés de blanc et recouverts de fleurs.

→ Pour les bouddhistes, les traditions sont variables selon le pays d’origine de la personne. Ainsi, dans certains pays, le corps est lavé par un membre de la famille ; dans d’autres, il ne faut pas y toucher pendant quelques jours.

Lorsque le décès a lieu à l’hôpital, en fonction de l’état du corps de la personne, il faut échanger avec les familles afin de concilier leurs souhaits de respect des rituels avec les contraintes légales.