REMETTRE LES PENDULES À L’HEURE - L'Infirmière Magazine n° 351 du 15/09/2014 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 351 du 15/09/2014

 

PERFORMANCE

ACTUALITÉ

DU CÔTÉ DES… ÉTABLISSEMENTS

AVELINE MARQUES  

Avec l’aide de l’Anap, le CH de Paimpol travaille à une meilleure synchronisation des temps médicaux et non médicaux pour améliorer la qualité des soins et les conditions de travail.

Des visites médicales aux horaires aléatoires, des sorties précipitées, des médecins qui posent leurs congés sans se concerter… À l’instar de nombreux établissements, le CH de Paimpol (Côtes-d’Armor) souffrait d’un manque de cohérence des temps médicaux et non médicaux. En 2012, le petit hôpital, en pleine restructuration, saisit la main tendue par l’Anap(1) et s’engage dans une expérimentation destinée à améliorer son « efficience ». Car la désynchronisation des acteurs de soin a de nombreuses conséquences. Tandis que le patient attend – son soin, sa consultation, son passage au bloc, sa sortie – et que la durée moyenne de séjour s’allonge, les soignants, qui s’attendent les uns les autres, accumulent des heures supplémentaires coûteuses et perdent de vue l’esprit d’équipe. Les conditions de travail se dégradent, favorisant l’absentéisme et le turnover.

Climat apaisé

Aidé par l’Anap, le groupe de travail mis en place au CH de Paimpol a identifié plusieurs pistes de travail, auxquelles s’attellent des binômes. Le service de court séjour gériatrique travaille sur les sorties des patients : elles sont désormais anticipées et échelonnées ; le délai moyen d’envoi des courriers de sortie est ainsi passé de 38 à 4 jours. Autre chantier : les congés médicaux. L’absence de visibilité sur les plannings, conjuguée à un manque de communication au sein de l’équipe médicale, coûtaient cher en intérim et se répercutaient sur la continuité des soins. « Un médecin référent a été nommé, expose Yannick Marrec, cadre de santé au service de médecine polyvalente. Aujourd’hui, les congés sont validés par le chef de service et affichés. »

Une concertation qui a permis à l’établissement d’économiser plus de 16 000 euros d’interim en 2013 par rapport à 2012. L’intervention des équipes transversales (kinésithérapeutes, diététiciens, assistantes sociales, équipes mobiles, etc.), dont les conditions étaient souvent méconnues, a été facilitée par la mise en place d’un bon unique pour tous les services. Quant à la charte de fonctionnement mise en place au sein du service de médecine polyvalente, elle est citée en « modèle » par l’Anap. « Elle regroupe toutes les problématiques, résume Yannick Marrec. Par exemple, la charte précise les horaires des visites médicales et des temps de transmissions. » Ce document « évolutif », véritable outil d’intégration des nouveaux arrivants, devrait être généralisé à l’ensemble de l’établissement en 2015.

Si certains des effets bénéfiques de la synchronisation sont mesurables – intérim, horaires des sorties… – d’autres se font seulement sentir. « Il y a un apaisement des relations entre soignants et médecins, on peut discuter des prises en charge, relève le Dr Benoît Moquet, chef du service de médecine polyvalente. Les organisations ont été clarifiées, cela renforce l’attractivité. » Selon les deux cadres, plus personne ne parle de quitter le service.

1- Agence nationale d’appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux.

GUIDE MÉTHODOLOGIQUE

L’expérimentation de l’Anap

Initiée en 2012, la démarche conduite par l’Anap a profité à onze établissements lorrains et bretons. Les premiers résultats ont été restitués dans un guide méthodologique, publié fin juillet. D’après l’Anap, les sites les plus problématiques sont le bloc opératoire, « modèle type de l’exigence de la cohérence du temps, depuis le brancardier jusqu’au chirurgien, en passant par les Ibode et les Iade » ; le plateau d’imagerie, « goulot d’étranglement » à l’origine de l’allongement des délais de rendez-vous, ou encore, les consultations externes, vitrines d’un établissement. L’expérimentation est appelée à s’étendre en 2016 : l’Anap a lancé un nouvel appel à candidatures.