LE MASTER SE FAIT ATTENDRE - L'Infirmière Magazine n° 341 du 15/03/2014 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 341 du 15/03/2014

 

FORMATION

ACTUALITÉ

SANDRA MIGNOT  

Préalable à la poursuite de la réforme LMD des professions paramédicales, le rapport Igas/IGAENR a été rendu public le 19 février. Ses réserves concernant le développement de masters spécialisés déçoivent les organisations infirmières.

« Nous avons attendu longtemps pour lire ce rapport et, finalement, il n’y a pas grand-chose dedans, regrette Joëlle Kozlowski, présidente du Comité d’entente infirmières et cadres (Cefiec). À part ce point de discorde sur le développement des masters infirmiers, car là est l’enjeu de toute la filière. » « Nous souhaitons qu’ils soient accessibles directement après la licence, soulignent en chœur Karina Durand, présidente de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi), et Brigitte Ludwig, présidente de l’Union nationale des associations d’Ibode (Unaibode). Une partie des étudiants savent très tôt dans quelle spécialité ils veulent s’engager. »

Course au diplôme

Si toutes les organisations infirmières militent pour la création de masters dans les formations spécialisées, la mission Igas/IGAENR(1) est plus réservée, estimant que ces diplômes doivent répondre à des besoins de santé publique et non à une revendication salariale. Les associations contestent l’existence d’une course au diplôme ou d’une volonté d’allonger artificiellement les cursus. « La formation des puéricultrices s’étale actuellement sur douze mois, relève Sébastien Colson, président de l’Association nationale des puéricultrices DE (ANPDE). Elle n’a pas été revue depuis 1983 ; or, la connaissance des développements technologiques reste à ajouter. » Du côté des Ibode, la formation dure dix-huit mois, ce qui correspond à deux années universitaires. « Notre niveau de formation doit suivre l’évolution générale, insiste Joëlle Kozlowski. Aujourd’hui, de nombreux jeunes obtiennent une licence. Notre diplôme doit être réajusté en fonction de cet environnement. » Pour Brigitte Ludwig, le nombre de professionnels justifie la création d’une filière en sciences infirmières. « Ce qui n’empêche pas que des IDE puissent s’inscrire en sciences de l’éducation ou en sciences humaines. » L’accès à la recherche est une revendication assumée par toutes les organisations. « Dans le rapport, il est expliqué qu’il n’est pas indispensable d’y avoir tous accès, remarque Sébastien Colson. Certes, toutes les puéricultrices ne vont pas devenir chercheuses, mais nous travaillons tous avec les données de la science. Et puis, à travers le DPC, on étudie des revues de littérature ; une initiation à la recherche est également incluse dans le cursus de licence. Alors, pourquoi interrompre cette ouverture ? »

Démocratie

Côté Fnesi, on est néanmoins satisfait de la perspective d’aligner le montant des bourses sanitaires sur celles de l’enseignement supérieur. La volonté d’améliorer le statut de l’étudiant est également saluée. « Nous sommes très intéressés par tout ce qui concerne le développement de la démocratie étudiante, explique Karina Durand. Surtout si cela permet que les étudiants soient davantage représentés dans les conseils décisionnels des Ifsi. » Puéricultrices, Ibode et Iade s’accordent sur la reprise des travaux d’ingénierie des formations, réclamée par le rapport. « Nos référentiels métiers sont prêts depuis 2009 », souligne la présidente de l’Unaibode. « On attend la feuille de route, conclut Karina Durand. Pour l’instant, ce n’est jamais qu’un rapport. »

1- Inspection générale des affaires sociales/Inspection générale de l’administration de l’enseignement supérieur et de la recherche.

LMD

Une réforme saluée

→ Dans le rapport, l’Igas et l’IGAENR soulignent l’importance et la qualité du travail réalisé sur la réingénierie du diplôme infirmier et la coopération de l’ensemble des partenaires. Elles regrettent néanmoins qu’il n’y ait pas davantage de mutualisation des enseignements entre les filières paramédicales.

La mission salue l’amélioration du niveau de la formation théorique, l’approche plus réflexive du métier et l’homogénéisation de la formation. Une évaluation est recommandée à l’issue d’au moins trois promotions. Elle exprime toutefois quelques inquiétudes concernant l’organisation des stages, le passage en année supérieure alors que tous les crédits d’enseignement n’ont pas été validés, ou le risque que l’universitarisation ne soit pas totalement achevée, du fait d’une certaine lassitude.