LA PMI VEUT DEVENIR GRANDE - L'Infirmière Magazine n° 339 du 15/02/2014 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 339 du 15/02/2014

 

ENFANCE

ACTUALITÉ

SANDRA MIGNOT  

Professionnels et usagers s’inquiètent du devenir des services de la Protection maternelle et infantile. Rassemblées dans la plateforme « Assurer l’avenir de la PMI », 14 organisations ont manifesté à Paris et en province, le 30 janvier.

Une femme sur cinq est suivie en PMI. Et demain ? » Quelque 800 manifestants ont défilé sur le pavé parisien jusqu’au ministère de la Santé pour soutenir l’avenir des services de protection maternelle et infantile, le 30 janvier. En province, ils étaient également une centaine à Toulouse, 70 à Bordeaux, 70 à Saint-Brieuc… Une mobilisation remarquable pour un sous-secteur de santé mal connu. « L’action de la PMI, fortement basée sur la prévention primaire, est une action de long terme dont il est difficile d’évaluer les résultats, explique Elisa Guises, vice-présidente de l’Association nationale des puéricultrices diplômées d’État (ANPDE), représentant les infirmières au sein du collectif. On ne se sentait pas vraiment soutenu par l’État. »

Hétérogénéité

Depuis les lois de décentralisation de 1985, en effet, la PMI est placée sous la responsabilité des conseils généraux et semble pâtir d’un manque de volonté nationale pour soutenir ses missions, pourtant clairement définies dans le code de la santé publique : consultations, bilans de santé, visites à domicile de puéricultrices et de sages-femmes, entretiens psychologiques, accueil parents-enfants, interventions en crèches et en milieu scolaire… Résultat : une grande hétérogénéité de services disponibles entre les départements. « Un grand nombre d’entre eux ne répondent pas aux minima réglementaires définis par la loi et ne peuvent assurer l’intégralité de leurs missions, explique Bruno Percebois, médecin de PMI en Seine-Saint-Denis. Des consultations médicales sont supprimées, ou alors assurées pour une tranche d’âge très restreinte. »

Demande des familles

Ces difficultés sont actuellement aggravées par une démographie professionnelle en berne et un statut peu attractif, « alors qu’il y a une très grande demande de la part des familles, note Elisa Guises. Avec l’augmentation des besoins, liée à l’accroissement de la prématurité, à l’affaiblissement de la transmission intergénérationnelle et même à la crise économique, la PMI conserve, pourtant, son intérêt. »

Les puéricultrices semblent la profession la moins concernée par la pénurie, même si des postes sont parfois occupés par des IDE, comme le soulignait récemment la Cour des comptes : en 2009, 4 000 infirmières spécialisées exerçaient en PMI (sur 11 000 agents), avec un écart de dotation allant d’un ratio de 1 à 3,5 en fonction des départements. « Mais, notre problème c’est surtout que toute une partie de notre travail n’est pas valorisée, explique la vice-présidente de l’ANPDE. Nos consultations ne sont pas cotées, elles n’existent pas dans la nomenclature de la Cnam0. Notre action est donc invisible. » Reçues par le directeur général adjoint du cabinet de la ministre, les organisations membres du collectif sont ressorties plutôt satisfaites de l’entrevue. « Le gouvernement a enfin décidé de nous porter attention sur des points importants », souligne Elisa Guises.

Une concertation sur les conditions d’exercice, l’attractivité des carrières, la formation initiale et continue devrait être prochainement instituée. « La mise en place de protocoles de coopération de pratiques avancées a même été évoquée, alors que, jusqu’ici, nos actes ne sont même pas connus », précise la vice-présidente de l’ANPDE.

Pétition en ligne

Un autre espace de concertation concernant la place de la protection maternelle et infantile dans la politique de santé sera également ouvert. « Elle réunirait les organisations représentatives de la PMI et les ministères, avec la définition d’une réelle politique de santé en PMI axée sur l’enfance et l’adolescence, objectif pour lequel nous militons de longue date », poursuit Elisa Guises. Enfin, les professionnels des PMI devraient être associés aux suites du prochain rapport sur les « services territoriaux de santé au public ». Même si l’ouverture du dialogue semble prometteuse, le collectif maintient néanmoins sa pétition en ligne(1), qui a déjà recueilli 8 000 signatures, et attend la concrétisation des rendez-vous promis, d’ici à la fin février.

1– bit.ly/1nSkoyV