Vaccination : mortelle polémique - L'Infirmière Magazine n° 332 du 01/11/2013 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 332 du 01/11/2013

 

ÉDITORIAL

Chaque année, au mois d’octobre, c’est la même histoire. La polémique autour des risques liés à la vaccination contre la grippe renaît de ses cendres et relance même un débat plus vaste encore autour de l’intérêt de la vaccination en général. Alors faut-il se faire vacciner ? Les bénéfices sont-ils réellement plus importants que les risques ?

Pour les experts, l’efficacité de la vaccination contre la grippe ne fait aucun doute : s’il n’est pas parfait, ce vaccin reste très efficace. Faut-il le rappeler, jusque dans les années 70, les épidémies de grippe étaient responsables de 10 à 20 000 morts par an.

Comment expliquer une telle polémique ? D’abord, les détracteurs se font davantage entendre du fait de nouveaux médias comme Internet. Et puis, le vaccin est montré du doigt car il ne couvre pas à 100 % contre toutes les formes de grippe car il est issu de la combinaison des trois souches du virus grippal les plus infectieuses de l’épidémie précédente. Enfin, la polémique autour de la pandémie H1N1 de l’hiver 2009-2010 a laissé des traces : beaucoup moins catastrophique que ce qui avait été prédit, la campagne a non seulement représenté un coût financier exorbitant, mais la technique utilisée pour la fabrication des vaccins utilisant des adjuvants amplificateurs de la réponse immunitaire dont les risques ne sont pas connus, fut largement critiquée. Avec une couverture déclarée de 25,6 %, les soignants travaillant dans les établissements de santé ne montrèrent guère davantage l’exemple (1)

Depuis, les autorités sanitaires ont beau œuvrer, rien n’y fait, les Français restent toujours méfiants. D’après l’Assurance maladie, seule la moitié des personnes à risque s’est vaccinée en 2012 (60,2 % l’étaient en 2009). Un récent sondage Ifop (2) n’est pas plus rassurant : seuls 28 % des Français de 18 ans et plus ont l’intention de se vacciner. Cette désaffection marque un recul réel inquiétant et il est à craindre que les risques de complications et de formes graves de la maladie se multiplient cette année. Car rappelons-le : la grippe est mortelle.

1- Résultats de l’enquête nationale Vaxisoin, 2009.

2- Sondage réalisé début octobre 2013 auprès d’un échantillon de 1 000 personnes. 49 % des Français interrogés indiquent qu’ils ne se feront “certainement pas vacciner”, contre 33 % l’an dernier.