Et une inégalité supplémentaire ! - L'Infirmière Magazine n° 329 du 15/09/2013 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 329 du 15/09/2013

 

Éditorial

Depuis 1993, le dossier de la réforme des retraites ne cesse de se complexifier. Patate chaude que chaque gouvernement tente d’éviter ou de passer rapidement au suivant, la réforme actuelle provoque le vif mécontentement des infirmières de la fonction publique hospitalière (FPH). Fin août, l’annonce faite par Jean-Marc Ayrault est ressentie comme une régression pour beaucoup. L’allongement de la durée de cotisation passe mal, d’autant plus mal que l’hétérogénéité des facteurs pris en compte pour calculer la retraite de chacun a pour effet de créer de fortes jalousies au sein de la même profession. Vrai casse-tête chinois, l’exclusion des infirmières de la FPH du mécanisme du « compte personnel de prévention de la pénibilité » est, avouons-le, très maladroit.

Piqûre de rappel : Roselyne Bachelot, précédente ministre de la Santé, avait habilement « proposé » de faire passer les infirmières de catégorie B dans la catégorie A, afin de revaloriser leur salaire. Cette revalorisation n’était cependant pas sans contrepartie, puisqu’elle s’accompagnait d’un abandon de la « catégorie active » (catégorie B), reconnaissant la pénibilité du travail infirmier et autorisant un âge de départ à la retraite inférieur de cinq ans à la norme. Entretemps, ce droit d’option entre catégorie A et catégorie B a disparu pour toutes les infirmières diplômées après 2010, désormais affiliées à la A, c’est-à-dire les sédentaires… Par cet élégant tour de passe-passe, et une revalorisation du salaire souvent jugée minime, selon les cas, les infirmières hospitalières n’appartiendraient plus à une profession au seuil de pénibilité élevé. Or, le Premier ministre vient de confirmer la création d’un compte de pénibilité pour les infirmières du privé. Indignation et consternation dans la profession. Qu’est-ce-à dire, monsieur Ayrault ? Le travail des infirmières de la FPH ne serait pas pénible, tandis que celui de celles du privé le serait ? En voulant réduire les inégalités existant entre privé et public, le Premier ministre a réussi à en créer une supplémentaire.