BIENTÔT 600 000 ? - L'Infirmière Magazine n° 328 du 01/09/2013 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 328 du 01/09/2013

 

DÉMOGRAPHIE

Actualité

Selon la Drees, la France comptait 595 594 infirmières en activité au 1er janvier 2013. Un chiffre sujet à caution.

La France compterait près de 100 000 infirmières de plus qu’il y a cinq ans. Selon un état des lieux publié en juillet par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), 595 594 soignantes étaient en activité en métropole et dans les DOM-TOM au 1er janvier 2013. Un nombre en hausse de 4,9 % par rapport à 2012 et de 22,1 % par rapport à 2008. Les infirmières confortent leur statut de première profession de santé, loin devant les médecins (218 296 au 1er janvier 2013), les masseurs-kinésithérapeutes (75 304) et les pharmaciens (72 024). L’augmentation des quotas d’entrée en Ifsi, passés de 16 000 places en 1998 à 30 000 ces dernières années, explique en partie cette forte hausse des actifs.

Avec 301 023 IDE salariées dans le public et 94 504 dans le privé, le secteur hospitalier concentre toujours la majeure partie des effectifs, mais dans une moindre mesure : alors qu’en 2008, 71,5 % des infirmières travaillaient dans un établissement hospitalier, elles sont 68,2 % en 2013. Au 1er janvier dernier, l’exercice libéral avait séduit 92 803 soignantes, soit 16 % de l’effectif infirmier total – contre 14,6 % en 2008. Les 91 536 IDE restantes travaillent principalement dans les établissements pour personnes âgées ou handicapées, en intérim ou en centres de santé. Comme en 2008, 8,4 % des infirmières – soit 48 820 – ont un diplôme de spécialisation. La profession reste à 87 % féminine (87,5 % en 2008).

Surestimation

Bémol : bien qu’ils fassent référence pour les différentes études et prévisions concernant la profession, ces chiffres sont sujets à caution. Pour l’ordre national des infirmiers (ONI), ils seraient même « surestimés ». « Ces 100 000 infirmières de plus en cinq ans, on ne les a pas vues dans les établissements », ironise Karim Mameri, le secrétaire général. Ce dernier brandit les résultats d’une enquête menée en 2012 par le conseil de l’Ordre de Paris. Alors que la Drees avançait le nombre de 31 410 infirmières au 1er janvier de cette même année, les listes nominatives communiquées par les employeurs de la capitale dénombraient 18 541 soignantes seulement. « On estime que le nombre d’infirmières en France est plus proche des 400 000 », affirme Karim Mameri. La quête aux inscrits – 137 000, fin aôut – semblerait alors moins longue pour l’Oni.

Fragilités

Plus mesurée, la Drees reconnaît elle aussi les « fragilités » du répertoire Adeli, dont les statistiques sont extraites. Son principal défaut : les informations concernant les professionnelles sont basées sur leurs déclarations. Changement de département, de nom ou encore de mode d’exercice ne sont, bien souvent, pas notifiés par les soignantes, dont les carrières n’ont pourtant rien d’un long fleuve tranquille. Les doublons(1) seraient donc nombreux et ce, « malgré les différentes opérations qualité mises en œuvre au fil des années », déplore la Drees. En outre, « les professionnels ne sont pas réellement incités à se désinscrire » lorsqu’ils cessent leur activité. Quant aux jeunes diplômées, elles tardent à s’enregistrer.

Conséquence : « Le répertoire Adeli sous-estime potentiellement les jeunes professionnels en activité et sur représente les plus âgés », conclut l’administration. Au 1er janvier 2013, comme en 2008, les moins de 30 ans représentaient 16,6 % des actives. La part des plus de 50 ans est passée de 29,2 % en 2008 à 34,3 %. « Cette situation va entraîner, dans les années à venir, de nombreux départs en retraite », annonce la Drees(2). Certes, les infirmières sont plus nombreuses, mais pas pour longtemps.

1– Le numéro Adeli est propre au département d’exercice. L’enregistrement dans un autre département, suite à un déménagement par exemple, donne lieu à la délivrance d’un nouveau numéro.

2– « Établissements de santé : le personnel soignant de plus en plus âgé », Études et résultats n° 846, juillet 2013.

RPPS

Un numéro unique

À l’instar des médecins, pharmaciens, sages-femmes et chirurgiens-dentistes, les infirmières ont vocation à intégrer le Répertoire partagé des professionnels de santé (RPPS). L’inscription des soignantes au RPPS et la mise à jour des informations les concernant passeront par l’Ordre et non plus par l’ARS. Une fois inscrite à l’Oni, l’infirmière se verra attribuer un numéro RPPS unique et pérenne. Mais, l’intégration à ce dispositif ne peut théoriquement se faire que si 90 % de la profession est inscrite à l’Ordre. « C’est ce qui nous bloque, déplore Karim Mameri. Le conseil de l’Ordre et l’Asip santé sont prêts. On attend la décision politique. » À défaut, dès 2014, les infirmières pourraient intégrer le RPPS en tant que profession sans ordre.