La fibrosopie œso-gastro-duodénale - L'Infirmière Magazine n° 327 du 15/07/2013 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 327 du 15/07/2013

 

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FICHE TECHNIQUE

Dans 70 % des cas, la fibroscopie œso-gastro-duodénale permet de détecter une anomalie. Ce geste inconfortable pour le patient ne nécessite pas systématiquement une anesthésie générale.

La fibroscopie œso-gastro-duodénale est un examen réalisé 1,1 million de fois chaque année en France. Dans 70 % des cas, ce geste permet de détecter une anomalie. C’est un geste peu risqué, mais dont le coût est loin d’être négligeable. La fibroscopie gastrique présente en France la particularité de mobiliser les anesthésistes lorsqu’elle est réalisée sous anesthésie générale, ce qui est rarement le cas dans d’autres pays.

Définition/objectifs

• La fibroscopie gastrique ou œso-gastro-duodénale est un examen endoscopique de la partie haute du tube digestif. Elle permet l’exploration de l’œsophage, de l’estomac et du duodénum par introduction d’un fibroscope par la bouche. C’est un moyen privilégié de faire à la fois un diagnostic et, si nécessaire, un geste thérapeutique sur ces organes.

• La fibroscopie œso-gastro-duodénale est une méthode spécifique et exclusive. Elle a trois visées :

– Diagnostique : elle permet d’objectiver l’état de la muqueuse grâce à l’examen macroscopique, de réaliser des biopsies sur l’ensemble du parcours afin de faire une étude anatomopathologique, d’effectuer des prélèvements liquidiens pour une étude cytobactériologique. Les biopsies concernent 15 % les lésions œsophagiennes, 95 % les lésions gastriques, 84 % des lésions duodénales.

– Thérapeutique : la fibroscopie permet de réaliser l’ablation de polypes, d’effectuer des hémostases.

– Surveillance : elle permet également d’assurer la surveillance des cancers de l’œsophage et de l’estomac.

Motifs de réalisation de l’examen

Il peut être réalisé pour les raisons suivantes :

– Douleurs gastriques.

– Reflux gastro-œsophagien.

– Troubles digestifs type colite, ballonnements, dyspepsie.

– Saignements d’origine digestive : vomissements sanglants et/ou melaena.

– Anémie inexpliquée.

– Ulcère gastrique ou duodénal.

– Cancer de l’œsophage ou de l’estomac

– Surveillance post-traitement de tumeur œsophagienne ou gastrique.

Contre-indications

– À la réalisation d’une fibroscopie : perforation de l’œsophage ou de l’estomac.

– À la réalisation d’une biopsie lors de la fibroscopie : lésions vasculaires, œsophagiennes, varices, angiodysplacies, angiomes.

Le traitement par anti thrombotiques ne constitue pas une contre-indication absolue. Le traitement doit être relayé ou arrêté temporairement, en fonction de son indication, sur prescription médicale.

Conditions de réalisation

• Les personnes ayant déjà bénéficié de cet examen l’estiment plutôt inconfortable ou désagréable que douloureux. Le moment le plus désagréable se situe à l’introduction de la sonde qui provoque un réflexe nauséeux en particulier au moment du passage du fibroscope (diamètre de 7 à 13 mm) au carrefour pharyngé. Ensuite, la présence du fibroscope ne permet pas la déglutition de la salive pendant sa réalisation.

• La fibroscopie digestive haute peut se faire en hospitalisation conventionnelle ou en ambulatoire. La durée de l’hospitalisation ambulatoire est de trois à six heures et dépend du type d’anesthésie réalisée.

• La fibroscopie digestive haute peut se réaliser sous :

– Anesthésie générale : elle est justifiée lorsque l’état du patient est fragile, que le geste est de longue durée, qu’il nécessite une immobilité que le patient n’est pas capable de contrôler (handicap mental par exemple).

– Sédation consciente : implique que le patient soit calme, non anxieux, coopérant, et volontaire.

– Anesthésie locale par gel de xylocaïne : implique l’acceptation du patient et sa coopération pendant toute la durée de l’acte.

• En hospitalisation publique, 50 % des gestes se font en ambulatoire et l’autre moitié s’effectue en hospitalisation conventionnelle. Lors d’une hospitalisation privée, 80 % des gestes se font en ambulatoire.

• La demande de sédation concerne 42 % des patients, 24 % des actes sont faits sans sédation, 2,8 % se font en cabinet privé ce qui constitue une pratique très marginale.

• Il est également possible d’envisager l’utilisation du Meopa (Mélange Equimolaire d’Oxygène et Protoxyde d’Azote) qui permet une analgésie de surface et agit sur l’anxiété du patient. L’utilisation de ce produit est recommandée en particulier chez l’enfant.

• Chez le nourrisson, le recours à une solution sucrée associée à la succion est possible pour un geste bref.

• Ce geste constitue une bonne indication pour l’hypnose ou la relaxation qui peuvent être des éléments complémentaires dans la gestion de l’anxiété et des désagréments que ce geste est susceptible de générer.

Matériel

– Fibroscope souple, de taille adaptée au patient, muni d’une fibre optique relié à un système visuel, permettant de visualiser et photographier les parois de l’œsophage, l’estomac et le duodénum. Ce matériel permet également de réaliser des biopsies des muqueuses et de réaliser des prélèvements de liquide gastrique. Si la fibroscopie a une visée thérapeutique, le matériel est utilisé pour l’ablation de polype ou la réalisation d’une hémostase en cas de saignement.

– Source de lumière.

– Appareil à insuffler l’air.

– Nécessaire à aspiration.

– Cale dents.

– Linge de protection pour la salive.

– Flacons pour les prélèvements.

– En fonction du geste : bougies de Savary et ballonnets si dilatation, nécessaire pour sclérose, matériel pour l’électrocoagulation.

Environnement

• Si l’acte ne se fait pas sous anesthésie générale, il doit se dérouler dans un environnement sécurisé. Le matériel suivant doit être disponible :

– chariot d’urgence ;

– source d’oxygène ;

– un scope ;

– défibrillateur ;

– oxymètre de pouls.

• Pour accompagner le patient pendant la sédation consciente, il faut un environnement calme, les bruits parasites doivent être limités.

Préparation du patient

• Une information complète des indications et du déroulement de l’acte est faite avant l’acte, à l’aide d’un schéma, de photos ou d’un film pour présenter le matériel, le lieu, et l’installation de la personne. Cette information doit être adaptée aux capacités de compréhension du malade.

• Le patient doit être à jeun depuis six à huit heures (quatre heures chez le jeune enfant).

Réalisation de l’acte

• Si le patient est accompagné par une méthode d’hypno-analgésie, l’accompagnement doit débuter dès l’installation du patient.

• Il est installé en décubitus latéral gauche dans la plupart des cas, la tête en anté-flexion.

• Un cale dents est mis en place pour éviter la morsure du fibroscope.

• Une protection est placée pour absorber la salive qui s’écoule pendant le geste.

• Si l’acte se déroule sous sédation consciente ou sous anesthésie locale, il est demandé au patient de déglutir lors de l’introduction du fibroscope.

• Pendant toute la durée de l’acte, le patient respire normalement, il est important de maintenir le contact verbal et de l’accompagner en lui expliquant la situation. La durée de l’examen est de dix à vingt minutes.

• A l’issue du geste, faire cracher le patient si nécessaire.

Surveillance post fibroscopie

La surveillance dépend en particulier du contexte de déroulement de l’acte.

• Si le geste a nécessité une anesthésie générale, le patient est surveillé en salle de soins post-interventionnelle pendant les deux heures qui suivent l’anesthésie, puis en hospitalisation conventionnelle pendant trois à six heures. En cas d’hospitalisation ambulatoire, il ne doit pas être seul la nuit qui suit l’examen.

• Si le geste a été réalisé sous anesthésie locale, le patient reste à jeun trente minutes, la réintroduction alimentaire débute par de l’eau.

• Si l’examen a été accompagné d’une ablation de polype, le patient reste à jeun pendant douze heures. La réalimentation se fait avec des produits froids.

Complications

Elles sont exceptionnelles, le plus souvent chez des patients dont l’état de santé est particulièrement précaire. Lorsqu’elles existent, ce sont des perforations de l’œsophage ou de l’estomac, des hémorragies ou des complications liées à l’anesthésie.

Pour en savoir plus :

http://www.sfar.org/acta/dossier/archives2007

> Consensus en endoscopie digestive 2009 www.sfed.org/documents_sfed/files/recommandations

Précautions chez l’enfant

→ Des recommandations ont été publiées en 2009 et sont disponibles sur le site de la SFED :

– Information et consentement des parents, et en fonction de l’âge et des capacités cognitives, de l’enfant.

– Présence de personnel médical et infirmier compétent à la fois dans la technique endoscopique mais aussi dans la prise en charge des enfants, en particulier les plus jeunes.

– Environnement et matériel adapté à l’enfant : lieu confortable, chauffé, matériel d’endoscopie mais aussi de réanimation adapté.

– Durée du jeûne adapté : quatre heures pour le nourrisson jusqu’à 6 mois, six pour l’enfant jusqu’à 36 mois, ensuite huit heures.