Généfric - L'Infirmière Magazine n° 321 du 15/04/2013 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 321 du 15/04/2013

 

Éditorial

La polémique sur les génériques est devenue un marronnier des médias français. Chaque année, c’est la même histoire, les mêmes cris indignés et mines atterrées devant la question : « Les médicaments génériques sont-ils identiques aux médicaments princeps ? ». La réponse est non. Les génériques ne sont pas identiques mais, « équivalents ».

Les pouvoirs publics joueraient-ils sur les mots ? D’après le rapport de l’académie de médecine sur les génériques (février 2012), « la bioéquivalence entre produit référent et générique ne signifie pas qu’il y a automatiquement une équivalence thérapeutique, en particulier lors de la substitution d’un générique par un autre ». En cause : les excipients, la forme chimique et la galénique (comprimés, gélules, sirops, poudre), qui peuvent varier. Or, l’excipient a une incidence sur la pharmacologie d’une molécule et sa vitesse d’absorption dans l’organisme, et provoque parfois des réactions allergiques. Également pointée du doigt, la délocalisation de la production des matières premières pharmaceutiques par les laboratoires, en Inde, en Chine et au Brésil, dans un but d’augmentation des profits financiers, et à l’origine d’une moindre qualité des molécules. Le rapport de l’Igas (septembre 2012) sur l’évaluation de la politique française des médicaments génériques indique d’ailleurs que « les inspections sur site des fabricants de matières premières mettent en évidence de graves lacunes, voire des cas de falsification de données ». Pas rassurant. Si le nerf de la guerre côté laboratoires est le profit, quel est-il du côté de l’État français ? Les mesures d’intéressement financier mises en place par les pouvoirs publics à l’égard des pharmaciens et des médecins pour les encourager à substituer le plus souvent possible un générique à son princeps parlent d’elles-mêmes. Ce faisant, l’État réduit le déficit de la Sécurité sociale, les pharmaciens accroissent leurs marges, et les médecins gagnent davantage. Une fois encore, l’argent fait sa loi, et le malade est tout sauf roi.