La pilule passe mal - L'Infirmière Magazine n° 315 du 15/01/2013 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 315 du 15/01/2013

 

ÉDITORIAL

Faut-il avoir peur de la pilule de 3e ou 4e génération ? Telle est la question que se posent désormais des millions de femmes et de jeunes filles après la plainte déposée par Marion Larat, victime d’un AVC, qu’elle attribue au médicament. Si la question est claire, la réponse l’est d’autant moins que le sujet a fait l’objet d’un emballement médiatique troublant. La presse nous informe en effet que ces pilules contraceptives comportent un risque plus élevé de phlébite, d’embolie pulmonaire et d’accident vasculaire aux conséquences parfois gravissimes. Aux États-Unis, quelque 13 500 plaintes auraient été déposées contre le laboratoire Bayer. En France, elles ne seront néanmoins pas retirées du marché, mais déremboursées. Plus dangereuses, elles sont aussi très chères… Outre cette demi-mesure, la ministre a demandé à la HAS l’élaboration d’un référentiel de bonnes pratiques afin que « la contraception proposée soit la plus adaptée à chaque situation particulière ». La démarche ne va-t-elle donc pas de soi s’agissant d’un médicament dont la prise « ne doit pas être banalisée » ? Dans une interview accordée à l’hebdomadaire l’Express, Pascale This, gynécologue, se dit « surprise de voir déparquer autant de femmes avec une contraception de ce type ». Or, la Has avait constaté, dès 2010, que ces pilules n’apportent pas de bénéfice supplémentaire, et ne recommandait donc pas de les prescrire… Une tendance semble-t-il pas assez suivie, ce qui a conduit l’Agence nationale de sécurité du médicament à préconiser de réserver la prescription aux médecins spécialistes. De quoi provoquer l’ire des généralistes, qui se sentent boucs émissaires. Plutôt que d’attiser les querelles de clochers, une réponse franche et harmonisée des instances serait plus efficace pour calmer les angoisses. Comme le souligne le planning familial, si le bénéficie/risque est toujours positif, pourquoi ne pas rendre la pilule de 3e génération accessible à tous ? Et s’il ne l’est pas, pourquoi ne pas l’interdire purement et simplement ? Ce qui suppose de rester sourds aux sirènes des laboratoires…