UNE FEMME DE COMBAT - L'Infirmière Magazine n° 310 du 01/11/2012 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 310 du 01/11/2012

 

DISTINCTION

ACTUALITÉ

Infirmière clinicienne, spécialiste des soins palliatifs, Martine Nectoux vient d’être élevée au rang de chevalier de la Légion d’honneur.

Si, à l’image de la récipiendaire, la cérémonie fut sans chichis, elle ne fut pas sans émotion. « Tu es un exemple pour les infirmières », a déclaré le Pr Régis Aubry, président de l’Observatoire national de la fin de vie (ONFV), lors de la remise des insignes de la Légion d’honneur à Martine Nectoux, le 9 octobre. Et de souligner qu’il avait toujours été marqué par l’énergie, la capacité à entraîner et la passion de cette infirmière clinicienne. Martine Nectoux s’est engagée dès les années 1980 dans les soins palliatifs, alors qu’elle suivait les malades atteints du sida en fin de vie. Depuis, elle n’a cessé de promouvoir cette démarche en tant que professionnelle, et comme bénévole au sein d’associations comme Jalmav (1) ou la SFAP (2). Ces dernières années, elle a été infirmière coordinatrice, en HAD, d’une équipe mobile douleurs et soins palliatifs, d’un Ssiad, puis du réseau parisien de gérontologie Ancrage. Depuis 2010, elle est membre de l’équipe scientifique de l’ONVF et formatrice au Centre national de ressources soins palliatifs.

Culture palliative

« J’ai, comme tous les membres de la mission de révision des lois de bio-éthique, été marqué par l’audition de Martine Nectoux en 2008. Elle nous a apporté des mots que j’utilise encore : “que le sordide et le sublime sont dans l’ambivalence autour du lit d’un mourant, en particulier à domicile, et que l’abandon était la première mort ressentie pas les personnes âgées », a rappelé Jean Leonetti, promoteur de la loi sur la fin de vie. L’ancien ministre s’est dit « très honoré de récompenser une femme de combat », qui « fait beaucoup pour que se propage le message de la culture palliative ». Émue, Martine Nectoux, a tenu à souligner que cet honneur « revient aussi à [sa] profession ». Et d’ajouter : « Lorsque que l’on me demande comment on peut tenir aussi longtemps dans cet engagement, je réponds souvent : parce que les malades n’ont jamais cessé de me surprendre. Parce que, dans leur dénuement, leur fragilité, ils viennent sans cesse bousculer les bases de mon travail, remettre en cause mes certitudes et introduire en moi un doute constructif. En ces temps mouvementés, cet événement vient peut-être me rappeler l’importance de rester en alerte, de poursuivre notre quête incessante du sens de chaque vie face à l’obscurantisme de la souffrance. »

1- Jusqu’à la mort accompagner la vie.

2- Société française d’accompagnement et de soins palliatifs.