« ON NE PEUT PAS ÊTRE DANS L’INJONCTION » - L'Infirmière Magazine n° 306 du 01/09/2012 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 306 du 01/09/2012

 

SUR LE TERRAIN

ÉCLAIRAGE

L’INFIRMIÈRE MAGAZINE : La sexualité est-elle un droit ?

AGATHE HAUDIQUET : En droit français, on ne parle pas de la sexualité comme un droit ou une liberté spécifique. On la rattache à des droits ou libertés plus larges et reconnus, comme le droit au mariage, à fonder une famille ou au respect de la vie privée. C’est lié à un contexte social et moral et au fait que la question sexuelle est aujourd’hui encore taboue. Dans notre société judéo-chrétienne, le corps humain est sacré. Toucher à la sexualité, c’est toucher à la morale d’une société. C’est une question fondamentale et sensible.

L’I. M. : Doit-on compenser le fait de ne pas pouvoir vivre sa sexualité en raison d’un handicap ?

A. H. : La compensation ne peut être d’ordre affectif, mais d’ordre matériel et économique. Ce que la loi peut favoriser, ce sont les conditions matérielles et morales qui pourront permettre à cette vie affective de se réaliser, et aux personnes d’être accompagnées par des professionnels compétents et respectant une déontologie. La loi fixe également un cadre et pose des limites et des interdits. Les personnes handicapées font, ainsi, partie de celles qui sont considérées comme vulnérables.

L’I. M. : Dans ce domaine, jusqu’où le soignant peut-il aider une personne handicapée ?

A. H. : L’obligation de soins est une obligation juridique, mais [face aux questions de sexualité, NDLR], nous nous retrouvons dans la sphère de l’éthique professionnelle de chacun. Par ailleurs, chaque individu a sa propre conception de la sexualité, sa façon de la vivre. On ne peut pas être dans l’injonction. Éventuellement, par le biais d’une charte, l’on peut encourager, mais il faut que cela soit encadré par la discussion et, également, par une démarche collective.