PATIENTS ÉTRANGERS
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Paris et Marseille tentent d’attirer une riche patientèle étrangère pour réduire leur déficit. Les syndicats s’insurgent.
À Paris comme à Marseille, les syndicats ont dénoncé, cet été, « la sélection des patients selon leur compte en banque ». Le lancement d’un tourisme médical à destination de la France a mis le feu aux poudres. Mi-juillet, l’AP-HM a, en effet, officialisé sa volonté d’attirer davantage de patients étrangers fortunés
Même colère à Marseille, où Force ouvrière pointe une « dérive cupide, qui n’est pas conforme au principe d’égalité du service public », avant d’ajouter : « Les malades du Golfe persique auront droit à des conditions hôtelières luxueuses par rapport à ce qui est proposé aux malades provençaux. Et que dire des délais d’attente pour les consultations, qui seront raccourcis pour ces émirs ? » Côté direction, c’est l’étonnement. « Nous recevons déjà des patients étrangers, relève Bastien Ripert, chef de cabinet du directeur de l’AP-HM. De plus, c’est passé en comité technique d’établissement le 2 juillet. »
Rien de nouveau non plus à Paris. En témoigne le plan stratégique 2010-2014 de l’AP-HP, qui évoque « l’élaboration d’une politique d’accueil de patients étrangers ». Ce même document souligne que le groupe hospitalier Necker/Saint-Vincent-de-Paul/Institut de puériculture de Paris draine déjà « une part très importante de patients hors Ile-de-France et étrangers », à savoir plus de 20 % des malades hospitalisés, hors urgences. Quant aux Hospices civils de Lyon, ils pratiquent cette ouverture depuis plusieurs années. « Le même débat a eu lieu lorsque l’hôpital public a ouvert des chambres particulières. Cela rapporte aujourd’hui 3 millions d’euros à l’AP-HM », commente Bastien Ripert. Alors que le déficit s’élève encore à 14 millions d’euros, il s’agit de dégager de nouvelles recettes. Mais, « hors de question de créer une clinique privée à l’intérieur de l’hôpital public ». Le directeur général de l’AP-HM, Jean-Paul Segade, se veut rassurant concernant les conséquences pour les soignants : « Nous avons 80 infirmières de plus que l’année dernière. Si les recettes augmentent, nous pourrons recruter. » Le projet sera présenté devant les instances de l’AP-HM avant la fin de l’année. L’occasion d’aborder « la possibilité de mettre en place une forme d’intéressement pour le personnel », selon Bastien Ripert.
1– Lire aussi l’article paru sur www.-espaceinfirmier.com le 26 juillet.
2– Lorsque nous écrivions ces lignes, notre rédaction attendait un commentaire de la direction de l’AP-HP.