« On vise le doctorat ! » - L'Infirmière Magazine n° 300 du 01/05/2012 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 300 du 01/05/2012

 

ANNÉES 2020

DOSSIER

Une première, ce matin, au plateau technique régional (PTR) : en tenue d’étoffe bio antibactérienne, j’ai assuré le suivi d’une stimulation cérébrale profonde pour un patient atteint de la maladie de Parkinson. Cette intervention, délégable par le médecin aux infirmières cliniciennes depuis 2020, a permis de sensiblement diminuer les tremblements. Je repense au chemin parcouru depuis mon DE : les cinq années de pratique générale dans les divers pôles, puis le master, couronné de mon titre de clinicienne. Je songe maintenant au doctorat… Oui, les cliniciennes en ont parcouru du chemin. Nos consultations, prescriptions et autres pratiques avancées protocolisées se sont banalisées en cancérologie, en psychiatrie…

Des compétences élargies

Mais, c’est, en fait, pour toutes les infirmières que le champ s’est agrandi. Avec l’essor des besoins en santé, la pénurie ancienne de médecins, la complexité accrue des prises en charge, nos compétences se sont élargies. Seule la prise en compte des procédures, certes légitime pour diminuer les risques d’erreur, peut, quand elle vire à l’obsession, nous détourner d’initiatives pourtant bienvenues… Nous pratiquons par ailleurs des actes plus sophistiqués. Et, dans les couloirs du PTR comme lors des visites, smartphones et feuilles tactiles sont nos outils de communication, de compte-rendu et d’analyse, connectés aux puces sous-cutanées (implantées aux patients qui le souhaitent).

Pour certaines d’entre nous, les relations avec les médecins se limitent à la webcam de la télémédecine. En revanche, nous voyons de plus en plus nos collègues libérales, en raison du retour à domicile rapide des patients hospitalisés. Ce surcroît de travail compense la perte de certaines de leurs activités, avec, par exemple, la généralisation des fils résorbables.

Plus de « trou de la Sécu »

Nos liens se développent en outre avec les aides-soignantes, auxquelles nous confions davantage de tâches, comme, notamment, la réalisation des pansements. L’an dernier, nous avons participé côte à côte aux grandes grèves, au terme desquelles a été instituée la taxe sur la spéculation boursière, qui a permis de résorber le prétendu « trou de la Sécu ».

Autre bonne nouvelle : la ministre de la Santé revalorise nos salaires. D’être la première infirmière nommée à ce poste a sans doute joué… Mais ce qui a pesé également, c’est que nous ayons, nous, les 640 000 IDE, réussi à promouvoir notre profession au sein de la Fédération française infirmière, née des cendres de l’Ordre. Ne reste plus qu’à enrayer la pénurie. Car les robots auront du mal à nous remplacer. Seuls des femmes et des hommes peuvent prendre soin de leurs semblables.

SOURCES ET REMERCIEMENTS DU DOSSIER

L’origine des témoignages

→ Tous ces témoignages ont été reconstitués à partir de diverses sources : L’infirmière en France d’hier à aujourd’hui (Le Centurion, 1979) ; Accueillir et soigner. L’AP-HP, 150 ans d’histoire et Des femmes, des hommes, un hôpital (Doin éditeurs, 1999) ; Les infirmières : identité, spécificité et soins infirmiers (Masson, 2001) ; Le métier d’infirmière en France (Que sais-je ?, 2005, 4e édition) ; L’hôpital dans la France du XXe siècle (Perrin, 2009) ; Le cancer dans les médias. 1980-2007 (Inca) ; La démographie des infirmiers à l’horizon 2030 (Drees) ; les statistiques de l’INVS sur le cancer ; les archives de l’Institut national d’audiovisuel. Merci, pour leurs témoignages et réflexions, à Chantal Bauchetet, Christine Ceaux, Éliane Coutureau, Christine Dorléan, Éliane Dubois, Annie Florentin, Raphaële Frère, Claudine Miele, Monique Montagnon, Marie-Claude Oziol, Jacqueline et Sylvie Patin, Francis Petit, Marie-Christine Sandrin, Béatrice Segard, Laurent Thierry, Gérard Venet, Josette Vuidepot, ainsi qu’aux professionnelles d’Ehpad qui nous ont répondu.