Chiffres contre paroles - L'Infirmière Magazine n° 299 du 15/05/2012 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 299 du 15/05/2012

 

ÉDITORIAL

En ces temps de campagne électorale où les sondages vont bon train, on peut constater que les grandes préoccupations des Français traduisent une fragilisation d’une partie de la population. La qualité de vie des plus modestes se dégradant, la santé et l’accès aux soins se détèriorent aussi. Puisque les chiffres parlent, en voici quelques-uns.

Le chomâge ; première préoccupation. Fin février 2012, plus de 4 500 000 personnes sont inscrites à Pôle emploi (DOM compris)(1). Sur un an, ce chiffre a augmenté de 5,8 %. Il est d’ailleurs inférieur à la réalité car il ne compte pas les personnes radiées de Pôle emploi, ni celles qui n’ont pas pu s’inscrire. Et 21,7 % des jeunes (moins de 25 ans) sont au chômage. La pauvreté(2) : en 2009, 8,2 millions de personnes vivaient avec moins de 60 % du niveau de vie médian (954 euros mensuels), et près de 2 millions, avec moins de 40 % (640 euros mensuels), soit 3,3 % de la population, un taux « en nette progression » (2,7 % en 2000).

La crise du logement : les inégalités de logement concernent 3,5 millions de mal-logés(3). Parmi eux, 685 000 personnes sont privées de domicile personnel, et plus de 2 700 000 vivent dans des conditions très difficiles (logements insalubres, sans chauffage, sans sanitaires). Bref, 10 millions de Français sont affectés, de près ou de loin, par cette crise.

Le pouvoir d’achat : l’Insee a créé un indicateur prenant en compte les dépenses incompressibles des Français (loyer, eau, gaz, électricité…) appelé « le pouvoir d’achat du revenu arbitrable ». Selon cet indicateur, en 2008 et en 2010, le pouvoir d’achat du revenu arbitrable a baissé, par ménage (- 1,2 % et - 0,4 %) et par unité de consommation (- 0,8 % et - 0,1 %).

Rappelons que le Smic s’élève à 1 400 euros mensuels brut… et que le salaire de base d’une infirmière en France oscille entre 1 600 et 1 700 euros brut par mois. Peut-on vraiment s’étonner de l’amertume des soignantes devant le peu de reconnaissance salariale qu’on leur témoigne, après plus de trois années d’études ouvrant sur des qualités et des responsabilités professionnelles indéniables ?

1- Source : www.travail-emploi-sante.gouv.fr

2- Source : rapport de l’Onpes (Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale).

3- Source : rapport 2011 de la Fondation Abbé Pierre.