POUR NE PLUS EN AVOIR PLEIN LE DOS ! - L'Infirmière Magazine n° 295 du 15/02/2012 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 295 du 15/02/2012

 

CHRU DE TOURS

ACTUALITÉ

DU CÔTÉ DES… ÉTABLISSEMENTS

Pour aider les soignants à faire rimer travail avec sécurité et bien-être physique, l’école du dos du CHRU de Tours mise sur les formations Prap (dispositif de prévention des risques liés à l’activité physique), développées par l’INRS.

La formation Prap, une révolution ? Un moyen, en tout cas, de réfléchir aux solutions les plus adaptées pour prévenir les TMS (troubles musculo-squelettiques) et autres rachialgies, à l’origine de près d’un tiers des arrêts de travail, à l’hôpital comme en entreprise. Créée en 1994, l’école du dos du CHRU de Tours est passée en mars dernier des classiques formations « gestes et postures » aux formations Prap (prévention des risques liés à l’activité physique), développées par l’INRS(1). « Depuis 2006, on notait davantage de traumatismes de l’épaule chez les aides-soignantes ; il faut dire qu’elles rehaussent parfois un patient jusqu’à 40 fois par jour ! Pourtant, depuis 1996, le nombre des demandes de formation avait baissé. Il fallait repenser la pédagogie », dit Claude Delesalle, cadre de santé de l’école du dos.

Apprendre sur le terrain

La formation, de cinq jours, a été réduite à trois, et est à présent plus ergonomique. « Il ne faut pas “bien porter” mais arrêter, le plus possible, de le faire. En 1960, un accident sur trois était lié à la manutention. En 2001, les chiffres étaient les mêmes. C’est bien que la méthode gestes et postures ne suffisait plus. Évidemment, la manutention est parfois indispensable. Mais l’objectif du Prap, fondé sur la recherche d’améliorations en équipe, permet d’aller plus loin », précise-t-elle.

Depuis le passage au Prap, l’école tourangelle a vu exploser le nombre des demandes de formation. Les sessions, qui s’adressent aux soignants comme aux agents techniques et administratifs, comportent des cours théoriques, mais s’appuient avant tout sur le vécu. « On apprend à connaître les TMS et les facteurs favorisant leur apparition. On tente de répondre à la question “pourquoi s’expose-t-on” ? » », détaille Marie-Anne Balanger, aide-soignante et formatrice. Les dix formateurs de l’école du dos de Tours sont fréquemment appelés dans les services du CHRU. Ainsi au pôle maternité, où les déclarations de TMS étaient nombreuses. « Le pôle pratique 800 césariennes par an, dont 300 en urgence. Il faut transporter la table d’accouchement au bloc, elle pèse 260 kilos, commente Claude Delesalle. Quand on nous a appelés, les soignants devaient, pour s’y rendre, parcourir 70 mètres. On a trouvé un chemin plus court, mais les soignants refusaient de l’emprunter car ils auraient dû passer devant deux salles d’attente. On a trouvé une solution : mettre des paravents devant ces salles d’attente. C’est ça le principe du Prap : on se pose, pour viser juste. On ne se contente pas de montrer comment pousser la table. »

Simple bon sens ?

Aide-soignant en réanimation chirurgicale, David Gauvin explique avoir « beaucoup appris – ou réappris ! – notamment sur la mobilisation des patients ? », grâce à la formation. « La grande découverte, pour moi, c’est le drap de rehaussement : une sorte de toile de parachute qui glisse et permet de repositionner les patients lourds ou agités. » Il souhaite devenir formateur à l’école du dos, et a partagé cette nouveauté dans son service. Il a aussi proposé de remplacer les grands bacs de décontamination, placés sous les lavabos des chambres, par des plus petits, fermés, placés sur le plan de travail afin d’éviter aux soignants de se baisser. Du bon sens.

Véritable force de proposition, et possédant des locaux et un personnel dédié, l’école du dos du CHRU pourrait prochainement, ainsi que le souhaite l’INRS, développer des formations pour des soignants hors CHRU, notamment ceux des maisons de retraite voisines, et, ainsi, devenir centre référent Prap sur la région Centre. Pour s’y préparer, Claude Delesalle a d’ailleurs prévu de suivre une formation de formateurs en septembre prochain.

1– Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles.