L’oxygénothérapie - L'Infirmière Magazine n° 294 du 01/02/2012 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 294 du 01/02/2012

 

DOSSIER

PRISE EN CHARGE

MARIE FUKS  

Plusieurs dispositifs d’apport d’oxygène existent à destination des patients.

L’oxygénothérapie consiste à faire inhaler de l’oxygène (O2) au patient sur une période d’au moins 15 heures par jour afin d’amener la PaO2 à une valeur ≥ à 60 mm Hg au repos et/ou la SaO2 à une valeur ≥ à 90 %, et de supprimer ainsi les effets délétères de l’hypoxie artérielle chronique.

Indication

L’oxygénothérapie (OT) est indiquée dans les IRC restrictives parenchymateuses quand la pression partielle en oxygène dans le sang artériel ou PaO2 est inférieure à 60 mmHg. Elle est également indiquée lorsqu’à distance d’un épisode aigu chez les sujets ayant une BPCO, et sous réserve d’une prise en charge thérapeutique optimale (arrêt du tabac + bronchodilatateurs + kinésithérapie), la mesure des gaz du sang artériel en air ambiant, réalisée à deux reprises, a montré :

- soit une PaO2 ≤ à 55 mm Hg ;

- soit une PaO2 comprise entre 56 et 59 mm Hg, associée à un ou plusieurs éléments comme une polyglobulie (hématocrite supérieur à 55 %), des signes cliniques de coeur pulmonaire chronique, une HTA pulmonaire supérieure ou égale à 20 mm Hg, ou encore, une désaturation artérielle nocturne non apnéique quel que soit le niveau de la PaO2.

Sources d’oxygène

Oxygène par concentrateur (extracteur) d’oxygène : à partir de l’air ambiant, l’O2 préalablement séparé de l’azote est comprimé et transmis à la personne selon un débit continu pouvant aller, selon les appareils et les besoins, de 1 à 9 l/min. À la sortie de l’appareil, la teneur en oxygène est supérieure à 94 % pour des débits allant jusqu’a 5 l/min. Ce dispositif branché sur le courant électrique est moins encombrant que les bouteilles d’O2 et dispense le patient à domicile des contraintes de livraison des bouteilles et de leur stockage. Il est facilement transportable, ce qui facilite l’autonomie des patients.

→ Cuve à oxygène liquide : l’O2 liquide à - 183 °C permet de stocker de très grandes quantités d’oxygène avec un faible volume (1 l de liquide libère 850 l de gaz) par le biais d’un réservoir fixe contenant 20 à 40 l d’oxygène liquide, qui permet de remplir et recharger un réservoir portable de 0,5 à 2 l et donne beaucoup plus d’autonomie que les petites bouteilles d’O2.

→ « Bouteilles » d’oxygène gazeux : l’obus d’O2 est le plus ancien des moyens de conservation de l’O2 comprimé à une pression de 200 bars et stocké sous forme gazeuse. Il existe différentes tailles de bouteille : 3 000 l ou 3 m3 (15 l en contenance d’eau) ; 1 000 l ou 1 m3, (= 5 l d’eau), 400 l (= 2 l d’eau).

Ce système encombrant a relativement peu d’autonomie. Il est aujourd’hui de plus en plus utilisé en système d’appoint ou de secours.

Matériel de raccordement

L’oxygène peut être apporté par des lunettes nasales faciles d’emploi, une sonde nasale ou un cathéter trans-trachéal réservé, en principe, aux malades nécessitant de forts débits d’oxygène.

Rôle technique infirmier

→ Concernant les lunettes, il convient de veiller à ce que le tuyau qui véhicule l’O2 ne fasse pas de coudes, que le patient respire bien pas le nez et non par la bouche et que les extrémités positionnées dans le nez restent propres.

→ L’infirmier doit s’assurer que le patient respecte rigoureusement la prescription concernant le débit d’O2 car un patient sur deux n’observe pas la durée minimale prescrite de 15 heures, et certains sont tentés d’augmenter le débit pour réduire d’autant la durée. Or, le bénéfice de l’OT est directement corrélé à sa durée. Chez les patients dont l’observance est douteuse, l’infirmier peut vérifier le temps de branchement du concentrateur d’O2 ou la fréquence de livraison des bouteilles d’O2 liquide ou gazeux. Toutefois, ce paramètre doit être nuancé en fonction de la saison car la consommation d’O2 est plus importante l’hiver que l’été. Le froid, le vent et l’humidité en hiver ont un impact important sur le souffle et engendrent une surconsommation d’O2 par rapport à l’été.

→ L’infirmier peut également apporter des conseils d’utilisation des appareils et de sécurité quant à leur usage : ne pas changer d’appareil sans avis médical ; changer les lunettes régulièrement pour ne pas blesser le nez et pour éviter l’utilisation de crèmes nasales susceptibles de s’enflammer au contact de l’O2.

En chiffres

→ Au niveau mondial, la BPCO touche plus de 210 millions de personnes (OMS 2010). D’ici à 2020, elle deviendra la 5e cause de morbidité ; en 2030, elle sera la 3e cause de mortalité.

→ En France, la BPCO concerne 3,5 millions de personnes et occasionne environ 16 000 décès/an. 200 000 adultes âgés de 25 ans ou plus sont pris en charge au titre de l’ALD pour insuffisance respiratoire chronique grave ou BPCO sévère, et 93 000 adultes bénéficient d’une oxygénothérapie de longue durée.

→ La BPCO atteint les adultes de plus de 45 ans. Les sujets de plus de 65 ans constituent la population la plus concernée.

→ Les hommes sont plus atteints que les femmes (sexe ratio 0,6), mais la proportion de femmes augmente dans les pays industrialisés.