Traitement de cheval - L'Infirmière Magazine n° 292 du 01/01/2012 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 292 du 01/01/2012

 

ÉDITORIAL

Vous ne trouvez pas de médecin, et c’est urgent ? Appelez-donc le vétérinaire ! L’idée aurait pu prêter à rire si elle était sortie tout droit de la bouche d’un humoriste. Comme disait Coluche dans l’un de ses sketches, il y a ceux « qui ont des enfants parce qu’ils ne peuvent pas avoir de chien »… Là, il ne s’agit nullement d’un calembour mais du traitement de cheval imaginé, pour pallier la pénurie de médecins, par l’adjointe au maire de Dijon, Françoise Tenenbaum, également déléguée à la Solidarité et à la Santé, présidente de la Conférence régionale de la santé et de l’autonomie (CRSA), auprès de l’ARS. On se demande bien comment une personnalité exerçant de telles responsabilités peut ainsi faire fi du serment d’Hippocrate. Comme si, en situation d’urgence, le diagnostic était simple !

Cette proposition peu mûrie est très symptomatique de l’incapacité à enrayer une désertification médicale galopante. Je devrais plutôt parler d’absence de volonté politique car, enfin, au XXIe siècle, comment un pays comme la France, avec ou sans son triple A, peut ne pas être en mesure d’assurer des soins d’urgence de qualité ? L’idée de recourir aux vétérinaires résonne aussi comme une provocation à l’heure où s’achève l’année des patients et de leurs droits. Elle laisse un goût amer aux associations, qui pointent, notamment par la voie du Ciss, l’importance de l’accès aux soins dans un délai raisonnable, le risque croissant de renoncement à se faire soigner (et là, il y aurait de quoi !) d’une frange nouvelle de la population (voir notre actualité p. 11). L’accès à des soins pour tous et partout : un enjeu à relever et dont on espère qu’il sera en bonne place dans la campagne pour l’élection présidentielle. En attendant, nous vous souhaitons à toutes et à tous une excellente année !