PANSER, C’EST COMPLEXE - L'Infirmière Magazine n° 292 du 01/01/2012 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 292 du 01/01/2012

 

PLAIES CHRONIQUES

ACTUALITÉ

Les plaies complexes appellent le plus souvent un traitement médico-chirurgical et une prise en charge multidisciplinaire.

Chroniques, traumatiques, post-opératoires, escarres… 27 % des personnes hospitalisées, du nouveau-né au patient âgé, présentent des plaies plus ou moins importantes et plus ou moins complexes. C’est ce que montre une enquête conduite, en 2009, par une vingtaine de sociétés savantes et de laboratoires pharmaceutiques, et à laquelle ont répondu des médecins et infirmières de 266 services hospitaliers sur un jour donné. « Nous le voyons, la prévalence des plaies est très importante », a souligné le Dr Sylvie Meaume, chef du service de gériatrie plaies et cicatrisation à l’hôpital Rothschild (AP-HP), lors des 1res Rencontres Plaies complexes organisées, à Paris, le 29 novembre dernier, par KCI Médical, en partenariat avec l’AP-HP. Les soignants ayant participé à cette enquête ont, par ailleurs, estimé que, dans 20 % des cas, la prise en charge de la plaie nécessiterait une prolongation de l’hospitalisation des patients.

Une littérature pauvre

« La définition des plaies complexes demeure encore floue », a expliqué Sylvie Meaume. D’un point de vue clinique, elles se présentent sous la forme des lésions depuis longtemps installées, souvent vastes et profondes, dont le lit est occupé par un tissu malsain ou nécrosé, et qui tardent à cicatriser, voire ne cicatrisent pas. Certaines localisations anatomiques (cerveau, carotide…) peuvent également rendre une plaie complexe. Les travaux engagés en France et au niveau européen pour mieux les définir se poursuivent, et, à terme, « médecins et infirmières devraient mieux s’y retrouver », admet le médecin. Mais, pour le moment, ce manque n’est pas sans impact sur les données épidémiologiques. « La littérature est pauvre et, si l’on voulait extraire des données du PMSI, nous serions bien en peine, du fait, justement, de l’absence de définition claire. Il serait donc souhaitable de créer un groupe homogène de maladies “plaies complexes”, d’autant que leur prise en charge augmente la durée moyenne de séjour », a estimé le médecin. Sans parler de la durée des soins au lit du malade. « Certaines plaies peuvent mobiliser une infirmière durant trente minutes, voire une heure par jour », a précisé un praticien hospitalier.

C’est l’infirmière qui panse

En revanche, il est certain que le traitement des plaies complexes qui, souvent, doit faire appel à une prise en charge médico-chirurgicale en milieu hospitalier, voire en ambulatoire et, quand cela est possible, en HAD, réclame connaissances et compétences de la part des soignants. Une plaie qui, d’emblée, ne cicatrise pas, doit être discutée au sein d’un groupe pluridisciplinaire pour qu’un diagnostic précis soit établi. Il faut parvenir le plus rapidement possible à la mise en place d’une thérapeutique et de soins adaptés qui intègrent la prise en charge de la douleur. « La collaboration entre le médecin et l’infirmière est indispensable, a commenté Sylvie Meaume. C’est l’infirmière qui panse le malade, elle ne doit donc pas hésiter à interpeller le médecin si l’évolution de la plaie n’est pas satisfaisante. »