LES INFIRMIÈRES S’ESTIMENT PRIVÉES DE PAROLE - L'Infirmière Magazine n° 292 du 01/01/2012 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 292 du 01/01/2012

 

ROYAUME-UNI

ACTUALITÉ

Selon un sondage du Royal College of Nursing, les soignantes ont peur d’exprimer leurs préoccupations professionnelles sur leur lieu de travail.

Les infirmières britanniques ont peur d’exprimer, sur leur lieu de travail, leurs préoccupations concernant la qualité des soins et la sécurité des patients. Tel est le résultat d’un sondage, paru le 5 décembre dernier, du Royal College of Nursing (RCN), la principale organisation socioprofessionnelle infirmière britannique, qui a interrogé plus de 3 000 soignantes. Une écrasante majorité d’entre elles disent craindre des représailles personnelles, et des retombées négatives en termes d’évolution de carrière, si elles évoquent leurs préoccupations avec leur employeur. Plus de 80 % auraient pourtant déjà soulevé de telles questions, mais dans près de la moitié des cas, aucune mesure n’aurait été prise. Et la situation semble s’aggraver : 34 % des infirmières interrogées déclarent ainsi avoir été découragées, voire dissuadées (par leur employeur ou par leurs collègues), de parler…, alors qu’elles n’étaient que 21 % dans ce cas en 2009. Dans le même temps, la proportion de soignantes estimant qu’elles seraient soutenues par leur employeur si elles s’exprimaient est tombée de 46 à 35 %.

Un pavé dans la mare

Secrétaire général du RCN, le Dr Peter Carter juge cette situation « extrêmement préoccupante ». D’autant, souligne-t-il, que les conséquences en matière de qualité des soins peuvent être dramatiques. À ce propos, le sondage du RCN tombe comme un pavé dans la mare. Une semaine avant sa publication, se terminait en effet une enquête publique sur les défaillances survenues à l’hôpital de Stafford, dans le centre de l’Angleterre, où, entre 2005 et 2008, ont eu lieu 1 200 décès de plus que dans les autres hôpitaux britanniques du fait de conditions de soins déplorables… « Notre sondage prouve que les infirmières ont de véritables préoccupations, ajoute Peter Carter. Trop souvent, elles ont raison. » En théorie, rappelle-t-il, la loi encourage la dénonciation de suspicion de mauvais traitements et protège ceux qui les rapportent. Mais il y a un fossé entre la théorie et la pratique. « Il est absolument vital que les infirmières soient véritablement protégées et qu’elles puissent avoir confiance dans leurs chefs. » En attendant, le RCN a mis à la disposition de ses membres une ligne téléphonique dédiée, pour leur permettre de faire remonter leurs inquiétudes.