DES SOINS EN CHUTE LIBRE

Difficultés d’accès aux soins, manque de moyens de prise en charge psychiatrique, échec de la politique de prévention du suicide… Le dernier rapport de l’Observatoire international des prisons (OIP) pointe la dégradation des conditions de prise en charge soignante dans les prisons françaises. L’OIP s’alarme notamment des pressions croissantes de l’administration pénitentiaire sur les soignants. « L’autonomie des soignants, inscrite dans la loi en 1994, est de plus en plus souvent remise en cause, dénonce Samuel Gautier, chargé d’enquête à l’OIP. Ils sont de plus en plus sollicités sur des missions qui ne sont pas les leurs, enjoints de “partager” des informations couvertes par le secret médical et la confidentialité des soins. Et le ministère de la santé, interpellé sur le sujet, reste muet ! »

L’observatoire déplore les problèmes d’accès aux soins, qu’il s’agisse de soins somatiques ou psychiatriques, alors même que 20 % des détenus souffrent de troubles psychiatriques et qu’un tiers des nouveaux détenus sont toxicomanes.

Suicides

Autre point noir : le taux de suicide, l’un des plus élevés d’Europe. Le nombre de détenus ayant mis fin à leurs jours a augmenté de 8 % sur les dix premiers mois de l’année, relève l’OIP. « Certes, c’est un fait complexe, souligne Samuel Gautier. Mais l’un des problèmes est que la politique de prévention du suicide est menée exclusivement par l’administration pénitentiaire alors qu’elle devrait relever du soin. Les mesures engagées, kits antisuicide, soutien par des codétenus, cellules lisses, sont, selon nous, inefficaces. Elles constituent une mauvaise réponse à un problème dramatique. »