LE PRIVÉ GÈRE UN HÔPITAL PUBLIC - L'Infirmière Magazine n° 290 du 01/12/2011 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 290 du 01/12/2011

 

ROYAUME-UNI

ACTUALITÉ

Le service public de santé britannique va confier, début 2012, la gestion d’un de ses établissements à une société cotée en Bourse.

Coup de Trafalgar dans le monde de la santé outre-Manche ! Le 10 novembre dernier, le National Health Service (NHS), le service public de santé britannique, a annoncé qu’il allait confier la gestion d’un de ses hôpitaux à une entreprise privée. Une décision sans précédent qui suscite nombre d’inquiétudes.

À compter du 1er février prochain, la compagnie Circle, une société cotée en Bourse, va récupérer, pour dix ans, la gestion de l’hôpital de Hinchingbrooke (dans l’est de l’Angleterre). Circle prendra à sa charge la dette de l’hôpital (46 millions d’euros) et pourra, en contrepartie, se rémunérer sur les éventuels bénéfices dégagés par l’établissement hospitalier.

« Sans ce partenariat, l’avenir de Hinchingbrooke aurait été incertain », s’est défendu le NHS, arguant qu’il « ne s’agissait pas d’une privatisation mais d’une nouvelle forme de gestion révolutionnaire », le personnel (paiement des salaires et des retraites) et les biens de l’établissement restant au sein du NHS.

Qualité des soins

L’argumentation du NHS est cependant loin d’avoir convaincu tout le monde. Le premier syndicat de la fonction publique, Unison, a fait part de ses inquiétudes en termes d’emploi, et de sa crainte que la privatisation de la gestion de Hinchingbrooke ne soit un pas supplémentaire vers la privatisation du NHS. Ancienne infirmière et journaliste pour la revue Nursing Standard, Adele Waters, s’interroge elle aussi : « Qu’une entreprise privée puisse faire des profits sans diminuer la qualité des soins aux patients paraît discutable. Nursing Standard Magazine vient d’ailleurs de publier une étude sur le sujet, démontrant que la qualité des soins a un coût – en gros, vous avez ce pour quoi vous payez. » Pour le moment, il s’agit bien d’une « expérimentation », ajoute-t-elle, mais « si une opération de la hanche ou du genou peut effectivement rapporter de l’argent à une compagnie privée, nombre d’experts se demandent comment il est possible de faire des profits sans compromettre la qualité des soins dans des services comme les urgences ou la gériatrie. »

Beaucoup de bruit pour rien ? Loin de là : dans un document auquel le journal anglais The Observer a eu accès, la société Circle reconnaît elle-même que la qualité des soins pourrait souffrir de sa volonté d’expansion au sein du système de santé publique.