L’otite aiguë - L'Infirmière Magazine n° 289 du 15/11/2011 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 289 du 15/11/2011

 

FORMATION CONTINUE

POINT SUR

Inflammation aiguë de l’oreille, l’otite aiguë touche trois hommes pour deux femmes. Chez le nourrisson, elle est bilatérale dans 40 % des cas.

Le recours à un traitement par antibiothérapie est indiqué lorsqu’elle est d’origine bactérienne.

1. LA MALADIE

L’otite aiguë est une inflammation aiguë de l’oreille moyenne ou externe. Elle se manifeste généralement par une douleur vive et lancinante de l’oreille, elle peut, dans certains cas, être asymptomatique.

Deux formes d’otites aiguës

L’otite aiguë externe

C’est une infection cutanée caractérisée par une inflammation du conduit auditif externe survenant après des baignades (plongeons), après des traumatismes répétés (utilisation de coton tige) ou par surinfection d’un eczéma. La « porte » d’entrée est externe et les germes les plus fréquemment responsables sont Staphylococcus aureus ou epidermidis, Pseudomonas aeruginosa ou Candida albicans et Aspergillus.

Elle se traduit par des douleurs vives, aggravées par la manipulation du pavillon ou la mastication. Elle n’occasionne pas de fièvre mais, parfois, des démangeaisons et un œdème du conduit auditif.

L’otite moyenne aiguë (OMA)

C’est une inflammation de la muqueuse du conduit auditif moyen ayant pour origine une infection. Les germes responsables ORL ou ophtalmiques migrent dans la trompe d’Eustache et atteignent l’oreille moyenne. Elle est caractérisée par des douleurs plus ou moins importantes, des symptomes ORL (éternuements, toux…), une fièvre plus ou moins forte et divers signes associés (irritabilité, vomissements, diarrhées, anorexie…). Trois formes existent, les deux premières restant majoritaires :

– L’OMA congestive : virale dans 90 % des cas, elle est le plus souvent associée à une rhinopharyngite.

– L’OMA purulente : c’est la complication la plus fréquente des infections ORL de l’enfant de moins de 2 ans. Les bactéries responsables sont Haemophilus influenzae et Streptococcus pneumoniae. Elle est due à une immaturité des défenses, à une hypertrophie des végétations ou à une anomalie de forme de la trompe d’Eustache. On note parfois la présence d’un épanchement purulent.

– L’otite phlycténulaire, le plus souvent virale, caractérisée par une douleur intense et des phlyctènes à la surface du tympan, qui, en se rompant, provoquent une otorrhée sanglante.

Les évolutions

L’otite externe peut évoluer en otite externe maligne, engendrer une extension de l’infection à l’os du rocher chez la personne diabétique ou immunodéprimée.

L’OMA non soignée, ou à répétition, peut évoluer :

– en otite séromuqueuse (otite chronique). Un épanchement liquide rétro-tympanique, plus ou moins visqueux, provoque une baisse de l’audition et une autophonie. Cette hypoacousie peut entraîner des retards de langage chez le petit enfant. L’évolution est globalement favorable, mais certaines complications peuvent survenir : perforation tympanique, formation de poches de rétraction ou cholestéatome. En cas de persistance chez l’adulte, il convient de rechercher une tumeur du cavum ou de l’os du rocher.

– en complications bactériennes, devenues plus rares depuis l’utilisation des antibiotiques (mastoïdite, atteinte du nerf facial avec paralysie, labyrinthite, méningite, œdème cérébral).

2. DIAGNOSTIC

Des signes cliniques locaux et généraux sont recherchés au travers d’une étude clinique. Le diagnostic est confirmé par un examen à l’otoscope :

– otite externe aiguë : examen à l’otoscope douloureux, avec un œdème de la peau du conduit auditif externe ;

– OMA congestive : le tympan est rouge, avec des reliefs normaux, sans bombement ;

– OMA purulente : le tympan, opaque et bombé, est enflammé, avec un épanchement rétrotympanique. Lorsqu’elle est associée à une conjonctivite purulente, l’infection est vraisemblablement due à Haemophilus influenzae (30 à 40 % des cas). En présence de fièvre et de douleurs locales importantes, il s’agit d’une infection à Streptococcus pneumoniae (25 à 40 % des cas) ;

– otite séromuqueuse : le tympan est épaissi, mat, parfois un peu rouge, avec un épanchement et quel­ques bulles rétrotympaniques. Le diagnostic est complété par un audiogramme et une tympanométrie.

Mais une douleur de l’oreille n’est pas forcément due à une otite. Cela peut être :

– une otalgie due à une atteinte du pavillon (plaie, hématome), à une atteinte du conduit auditif externe (bouchon de cérumen, furoncle, zona…) ;

– une otalgie, lors d’une plongée ou d’un voyage aérien ;

– une otalgie réflexe secondaire à un cancer des voies aérodigestives supérieures, à une névralgie de la face, à une angine, à une pharyngite, à une pathologie dentaire ou encore à un problème d’articulation temporo-mandibulaire.

3. TRAITEMENTS

L’otite aiguë externe

Une antibiothérapie locale est prescrite après un examen du tympan pour éliminer une perforation. On utilise, pendant sept jours, une solution auriculaire d’aminosides ou d’ofloxacine (si perforation) associée à un traitement antalgique.

L’OMA

Le traitement tient compte de la nature et de la sévérité des signes, et de l’âge du patient.

L’OMA congestive

De nature virale, le plus souvent, elle ne nécessite pas d’antibiothérapie. Une réévaluation doit être effectuée trois jours plus tard.

L’OMA purulente

Un traitement antibiotique est mis en place afin d’éviter la diffusion de l’infection et de soulager le patient. Il est systématique chez un enfant de moins de 2 ans pour éviter les complications infectieuses (méningite). Pour les enfants à partir de 2 ans et chez les adultes, on a recours, le plus souvent, à une antibiothérapie. Les molécules préconisées sont l’amoxicilline-acide clavulanique, la céfuroxime et la cefpodoxime. En cas d’allergie aux bêta-lactamines, l’utilisation d’érythromycine-sulfafurazole (enfant de moins de 6 ans) ou de pristinamycine (enfant de plus de 6 ans et adulte) est préconisée. La durée de traitement est de huit jours chez l’enfant de moins de 2 ans et chez l’adulte, et de cinq jours chez l’enfant de plus de 2 ans. L’avis d’un spécialiste est requis pour l’enfant de moins de 3 mois. Un antalgique et un antipyrétique sont recommandés dans le traitement de la douleur. En cas d’algie intense chez l’enfant, l’utilisation d’une association paracétamol-codéine est préconisée.

Dans 5 à 10 % des cas, il y a échec au traitement, c’est-à-dire que la fièvre et l’otalgie s’aggravent ou persistent encore deux jours plus tard ou qu’une récidive survient quatre jours après l’arrêt. Une paracentèse ou un prélèvement de l’otorrhée doivent être réalisés pour isoler la bactérie et effectuer un antibiogramme.

Accompagner le patient

Il convient :

– de ne pas instiller de gouttes auriculaires sans un examen préalable du tympan ;

– avant d’instiller, de réchauffer le flacon dans la main ;

– de ne pas utiliser de solutions d’hygiène auriculaire pendant le traitement ;

– de proposer d’adopter une hygiène auriculaire afin d’ôter le cérumen excédentaire et d’éviter la stagnation de l’eau dans le conduit. Et de n’utiliser ni coton tige ni curette métallique.

GLOSSAIRE

→ Paracentèse : opération de petite chirurgie qui consiste à inciser le tympan.

→ Audiogramme : graphique permettant d’évaluer la capacité auditive.

→ Tympanométrie : examen testant la compliance du système tympan-osselets en faisant varier la pression de façon positive ou négative dans le conduit auditif externe.

→ Phlyctène : bulle.

→ Cholesté-atome : tumeur bénigne provenant de la chute de cellules épidermiques infiltrées de cholestérol et située derrière le tympan.