EN QUÊTE D’INDÉPENDANCE - L'Infirmière Magazine n° 289 du 15/11/2011 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 289 du 15/11/2011

 

INFIRMIÈRES DU TRAVAIL

ACTUALITÉ

Réunies en congrès, les infirmières de santé au travail ont demandé aux pouvoirs publics de garantir leur autonomie vis-à-vis des employeurs.

L’encre n’est pas sèche, je suis ici pour échanger avec vous. » Invité le 12 octobre dernier à ouvrir le dernier congrès du GIT(1), Jean-Denis Combrexelle, directeur général du travail, a voulu rassurer l’auditoire. Les négociations sont pourtant entrées dans la dernière ligne droite : les décrets d’application de la réforme de la médecine du travail, adoptée en juillet, sont en phase finale de préparation. Face à des professionnelles en attente d’un « nouveau cadre d’exercice », comme l’a rappelé Anne Barrier, présidente du GIT, Jean-Denis Combrexelle a affirmé que le ministère du Travail étudiait leurs revendications principales : la question d’une formation spécifique, les modalités d’une délégation de tâches à travers l’entretien infirmier ou encore l’affirmation de leur rôle en matière de prévention.

Santé ou rentabilité ?

Plusieurs professionnelles ont soulevé la question cruciale de leur indépendance, soulignant la différence qui persiste en la matière entre médecins et paramédicaux. D’un côté, les médecins du travail bénéficient, selon la loi, d’une indépendance professionnelle. Ils n’ont pas de compte à rendre à un em­ployeur et sont libres d’organiser leurs missions. Ce sont des salariés protégés, qui ne peuvent être licenciés sans l’accord de l’Inspection du travail. De l’autre, les infirmières de santé au travail (IST) sont, elles, le plus souvent recrutées directement par les entreprises, lesquelles ont obligation d’embaucher au moins une infirmière quand elles ont plus de 500 salariés. « Notre hiérarchie directe, c’est le service des ressources humaines ou encore l’ingénieur hygiène et sécurité », explique Bégonia Sanchez, secrétaire nationale du GIT. Dans ces conditions, il est parfois difficile de promouvoir la santé des salariés auprès de directions d’entreprise parlant performance et productivité. « L’ingérence des chefs d’entreprise est très forte, poursuit Bégonia Sanchez. On nous demande parfois de ne pas déclarer les accidents du travail. » Pour mener à bien leurs missions, c’est-à-dire protéger la santé des salariés, les infirmières de santé au travail estiment donc qu’elles ne doivent plus être soumises aux critères économiques et managériaux des chefs d’entreprise. « Le rôle des médecins ou des IST est d’observer et de signaler les soucis de santé, et de prévenir les risques professionnels. Cela implique que les professionnels de santé au travail ne soient pas subordonnés à la direction d’une entreprise », renchérit François Desriaux, rédacteur en chef de la revue Santé et travail.

Réforme des retraites et maintien dans l’emploi des salariés âgés, explosion des TMS, souffrance au travail… Soulignant qu’au vu du contexte actuel, leur rôle est devenu crucial, les IST ont aussi rappelé qu’elles souhaitaient la mise en place d’une formation spécialisée.

1– GIT : Groupement des infirmier(e)s du travail. Ses dixièmes journées d’étude et de formation se sont déroulées du 12 au 14 octobre 2011 à Paris.